Point trop n'en faut

Peut-on reprocher à "Les sept mercenaires" d'être le remake d'un remake ? Assurément pas. Peut-on toutefois y voir de l'audace ou un réel intérêt à répéter à nouveau une histoire connue de tous ? Pas du tout. Si le film reste un divertissement pas trop ennuyant, c'est avant tout parce qu'une cinquantaine d'années le sépare de son prédécesseur et on aurait aimé prendre plus de plaisir devant une histoire de cowboys et de vengeance comme on les adore.

Qu'on ne s'y trompe pas, le film recèle de moments intéressants. Les sept mercenaires sont là pour défendre une petite ville d'un industriel sans scrupules et le processus de recrutement par le héros a au moins le don de faire esquisser quelques sourires au spectateur. Même si les personnages sont assez grossièrement écrits et on sait pertinemment quel sera le rôle de chacun, l'idée de recruter une équipe type "agence tous risques" excuse un peu le manque d'audace et le parti pris des scénaristes de vouloir avant tout préparer un affrontement épique. C'est à la fois une qualité et un défaut car si chaque personnage a un caractère bien attendu et bien délimité avec des capacités spécifiques, leur présentation est trop menue pour qu'on ait réellement le temps de s'attacher à chacun d'entre eux. Les punchlines fusent, les héros n'ont pas peur du danger et de la mort qui guette face à un ennemi colossal, ça rit, ça flingue mais le tout ne suffit pas à créer une dimension dramatique au film. Le méchant est très méchant et les gentils sont des bad guys gentils. On se contentera de ça.

Si bien qu'à certains moments on a l'impression de dialogues et de situations poussifs entre les héros. Et l'ennui s'installe même une bonne partie du film, une fois les sept rassemblés. Et c'est ce qui pêche dans un ensemble trop hétérogène dans son rythme et dans son scénario. La bataille finale est bien réalisée et les enjeux dramatiques sont bien exposés, même si la préparation du village est un poil trop didactique et retire tout suspense concernant certains pièges mis en place. Ce sont réellement les entre deux qui sont mal gérés et qui viennent entâcher un rythme déjà bâtard : on ne sait pas trop sur quel pied danser entre la lenteur de scènes de dialogues qui viennent entrecouper les différentes fusillades. Antoine Fuqua ne fait pas un mauvais travail en soi car chaque partie prise indépendamment est intéressante. Seulement, il veut incorporer tout ce qu'il aime des différents genres du Western et s'emmêle un peu les pinceaux in fine.

Le rythme. C'est ce qui gâche clairement un film qui aurait mérité à s'assumer un peu plus. Les sept mercenaires n'apporte rien au genre et on s'en doutait déjà. Il n'en a pas non plus la prétention. Toutefois, il n'arrive pas non plus à être un divertissement honnête. On est sans cesse baladé entre des moments de grâce et d'autres longs, lourds. Les punchlines de Chris Pratt notamment - acteur très sympathiques - font fausses et si sa désinvolture fonctionnait à merveille dans "Les guardiens de la galaxie", ici elle fait un peu tâche. Car chaque personnage, à son niveau, va vouloir son quart d'heure de gloire. Tant et si bien que les moments de bravoure ne fonctionnent plus. On assiste à une tuerie finale - bien orchestrée - sans enjeu majeur. Finalement, on en vient à se poser la question suivante : Pourquoi s'échiner à passer les étapes douleureuses du processus de création filmique, pour le réalisateur ? Les studios vont vouloir rentabiliser leur investissement financier mais le réalisateur va créer une émulsion de parfois plusieurs centaines de personnes et travailler d'arrache pied pour obtenir un résultat. "Les sept mercenaires" est trop fade, trop oubliable pour qu'on se donne tout ce mal. La volonté était peut-être là mais le résultat n'y sera pas. Dommage.