C'est la nature de la guerre. En protégeant les autres, vous vous sauvez vous-mêmes.

Un film de 3H15 dont le principal argument commercial sont des Japonais qui beuglent ? Putain file moi ça je me le fais ce soir.

Ah mais c'est pas un porno ?! Nooooooooooooon...

Les Sept Samouraïs, bien qu'une innommable tromperie sur la marchandise, restera quand même comme un des meilleurs films que j'aie eu le plaisir de voir, depuis ma douloureuse mais néanmoins essentielle venue au monde. Et ouais, les phrases longues et pompeuses, c'est tout un art.
Akira Kurosawa étant un réalisateur et un réalisateur mort, il remplissait les deux conditions indispensables pour intègrer mon fameux programme social. Lequel ? Lequel ?! Il faut suivre mon œuvre pour comprendre, jeune pousse. Je donne dans le feuilletonnant maintenant. Comme HBO.
Alors okay, quelques défauts viennent nuire un peu au film, mais je dois avouer que c'est surtout d'ordre culturel. Et par ordre culturel, j'entends que j'aime pas trop les Chinois qui se battaient avec les nazis. Oui, les Japonais.
Le jeu d'acteurs est honnêtement le truc le plus border-line du film : certains versent franchement dans la... théâtralité (cf. la fille qui joue la fille qui se fait tirer par le mec). Et je vous parle pas du mec qui joue le mec qui a pas de pantalon pendant la moitié du film. Sinon, ceux qui misent plus sur l'économie sont pour le coup épatants. Pas mal, pour des Chinois de l'Est.

Bon par contre le boulot de Kurosawa et de son équipe est au-delà de tout reproche. Rien à jeter, rien. Une photo en noir et blanc très jolie avec quelques plans qui valent le détour : la clairière aux fleurs, la maison des brigands en flammes... Une musique trèèèèès discrète et trèèèèèèèès excellente, tout ce qu'on aime. Des costumes qui tiennent la route - j'en sais rien, je suis pas vraiment un gros spécialiste de la fashion week de Tokyo 1510 - enfin quand les assistantes n'oublient pas les futes des comédiens hahaha. Bah oui, forcèment les assistantes ; un homme qui fait mal son travail, ça n'existe pas. La réalisation est juste collector (je vais encore me palucher sur les mouvements de caméra mais désolé c'est mon cheval de bataille)... Oh les mouvements de caméra ! Fantastiques ! Kurosawa suit les protagonistes dans la forêt avec la légèreté d'un écureuil, et filme les affrontements avec autant de pudeur que de volonté de montrer la mort dans son plus strict, c'est bouleversant. Et je vous parle pas de l'ambiance : alors qu'une centaine de mecs se battent en tout, et encore, une bonne moitié avec des vieux bâtons, on a juste l'impression d'être en plein milieu d'une grosse guerre, avec plein de gens qui se tuent et plein d'autres qui se font tuer et d'autres mecs qui regardent et tout c'est génial.

Enfin le scénario est un modèle du genre, c'est l'attrait principal de la première moitié du film, et il est très juste dans ses portraits de personnages et dans ses interactions. On peut ensuite regretter le passage aux oubliettes de certains samouraïs au profit de M. Fesses-à-l'air, mais les moments dramatiques sont toujours bien amenés, alors on se rend pas trop compte que le mec dont on pleure la mort, ça fait une demi-heure qu'on l'avait plus vu à l'écran.
Les villageois, enfin, sont évidemment à rapprocher du peuple japonais confronté à la défaite de 1945 et à la pauvreté extrême ; Kurosawa croque des "gueules" émaciées au possible et des corps au bord de la rupture pour schématiser la souffrance de son peuple, c'est grand, et dans les deux cas c'est un happy end alors tout va bien.
Arg non. Alors un, j'ai spoilé la fin sans le vouloir et deux, pour les vrais japonais, c'est pas un happy end du tout. Donne-moi un T, donne-moi un S, un U, un N, un A, un M, un I. Tsunami !

Un véritable chef d'œuvre.
Lucas Stagnette

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