Sévèrement jugé à sa sortie, Twins of Evil constitue plutôt une bonne surprise lorsqu’on le redécouvre 45 ans plus tard dans une belle copie restaurée. Le titre français, certainement porteur commercialement mais totalement trompeur, n’est sans doute pas pour rien dans le mépris critique qu’a suscité ce film de John Hough, à une époque où l’horreur gothique de la Hammer n’avait déjà plus la cote. Pas trace de Dracula ici mais on ne s’ennuie pourtant pas une seconde à la vision de ce récit trépidant, assaisonné d’un érotisme de bon aloi et de quelques scènes gore assez inhabituelles dans les productions du studio anglais. Particulièrement astucieux, le scénario mêle une histoire de vampires tout ce qu’il y a de classique avec la description sans complaisance des méfaits d’une secte de puritains qui fait régner la terreur au nom de la morale divine. Entre le pasteur fanatique brûleur de sorcières magistralement incarné par le grand Peter Cushing, et le noble décadent et pervers fort bien figuré par un Damien Thomas plus draculesque que nature, il n’y a guère de différence: tous deux sont cause de mort et de désolation, l’un par excès de zèle religieux, l’autre par son allégeance aux forces diaboliques. Une excellente musique aux accents de western (qui se prêtent bien aux chevauchées sauvages des sinistres inquisiteurs), des décors très soignés (les rues du village ont été «empruntées» à un autre tournage) et un casting impeccable attestent une nouvelle fois des compétences inégalées de la Hammer en matière de fantastique historique et d’horreur gothique.