J'hésite entre le 6 et le 7. Parce qu'entre un démarrage sur les chapeaux de roue avec un sublime travelling et le discours final d'Isuzu Yamada sur son lit d'hopital, où l'actrice nous pond une scène merveilleusement poignante, il y a comme un long film assez ordinaire. Peut-être que le terme ordinaire n'est pas le plus juste. Disons que l'on est loin de l'aboutissement atteint avec des oeuvres comme les Femmes de la nuit ou La rue de la honte dans lesquelles Mizoguchi nourrit son récit d'une vision plus riche et dense. Ici on a plutôt l'impression décevante de suivre un seul et même courant, celui d'une rivière calme mais impertubable, une pente douce, dont on connait l'amont et l'aval par coeur, sans grande surprise. On suit le parcours balisé en quelque sorte de ces deux soeurs Geishas, l'une acceptant la domination de l'homme, l'autre refusant tout net, faisant du féminisme un combat sans faille et permanent. Finalement les deux se rejoignent dans l'exploitation de la femme par l'homme, dans la souffrance (physique ou morale), dans l'humiliation.

En somme on a là une sorte de fable moraliste, féministe dont la portée est fortement altérée par un discours assené à coups de massue. Sans grande finesse. La mise en scène faite de plans éloignés la plupart du temps, de légers travellings ou de plans de coupe dans les moments de tension soudains n'assure pas une fluidité extraordinaire, ni une inventivité salutaire et dynamique. Le simplisme du propos m'a paru trop évident et laissé sur ma faim.

Je m'attendais à bien plus riche de la part de Mizoguchi.
Alligator
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le 22 févr. 2013

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Alligator

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