Tignasses de Loyola

Chronique d’un procès en sorcellerie dans l’Espagne du XVIIe siècle. Le pitch avait tout pour me déplaire avec son manichéisme programmé : de gentilles héroïnes persécutées par de méchants inquisiteurs espagnols bas du front ; avec persécution double, comme femmes et comme basques. Eh bien j’ai plutôt été séduit. D’abord il y a un parti pris de non-réalisme, avec des jeunes filles trop typées XXIe siècle pour être crédibles et une photographie superbe mais trop gavée de filtres pour ressembler si peu que ce soit à la vraie vie. Et puis si les femmes sont traitées en héroïnes, les hommes sont loin d’être caricaturaux ; par exemple le juge semble croire sincèrement à ses histoires de sabbat, et la réalisation dresse avec une certaine subtilité le portrait d’un homme plutôt sexuellement refoulé que soumis à des instincts purement sadiques ; cela finit par le rendre un peu ridicule, certes, mais pas monstrueux. Il y a aussi de jolies trouvailles esthétiques, comme le motif des cheveux foisonnants et bouclés des jeunes filles envahissant le cadre, et répliqués par le chanvre qu’elles tressent ou la paille de leur prison. Le motif du regard est également un thème joliment traité. Finalement ce qui m’a gêné, c’est cette impression que j’ai eue dans certaines scènes de voir du théâtre branché des années 80, mais bon, c’est très subjectif.
Au total un film intéressant donc. Et pas sûr que le prochain drame historique sur la révolte des marins LGBT à São Vicente au XVIème siècle ou sur le massacre des lycéennes végan par l’évêque de Toul en 814 soit aussi réussi.