Des choses gentilles à dire sur ce film
Bobine pour nostalgiques Les tortues ninja premier du nom ? Assurément. Mais pas que. Bobine opportuniste produite à une époque où l’adaptation du comics en dessin animé faisait un carton et que tout gosse âgé de 4 à 10 ans se devait d’avoir une tortue préférée et surtout sa figurine et son matériel de classe ? C’est possible. Mais c’est pas ce qui transparaît le plus.
Les tortues ninja est avant-tout et à raison reconnu pour être une adaptation assez fidèle du comics original : un ton un peu plus adulte (y compris dans les dialogues aussi orduriers que potaches), un New-York gentiment crade, des os qui craquent et de la chair qui bleuit (eh oui exit les robots du dessin animé destinés à atténuer la violence des combats, place à des foot humains), un Splinter qui n’a jamais été Hamato Yoshi, une rivalité entre Raphael et Leonardo (un peu) plus présente ou encore la vieille maison qui sert de retraite aux héros... En découle un petit plaisir de spectateur qui atténue les bouffonneries résiduelles pourtant bien bien mises en valeur par une VF qui tend à s’alourdir avec les années malgré le côté sympa que peuvent avoir l’équivalent d’accent du Bronx proposé par Emmanuel Gomès pour Raphaël, Michel Modo dans le rôle de Splinter, les références à Annie Pujol et autres « salut pédé, j’ai du boulot ! »
L’autre qualité des Tortues ninja cuvée 1990 est le soin apporté à la fois aux cascades/chorégraphies, à la fois aux costumes/maquillages des tortues, les premières étant prises en compte dans la conception des seconds si bien que si, quand les tortues parlent, on y croit, quand elles tatanent du p’tit sauvageon, on y croit encore plus. Créés par Jim Henson et la Jim Henson’s Creature Shop, les costumes et animatroniques bénéficient en effet de cette forme de magie qui fait que même si certains bourrelets caoutchouteux attirent un peu l’attention ou qu’on discerne parfois dans la bouche des tortues, les yeux des comédiens qui les incarnent, l’ensemble fonctionne, les tortues occupent le même espace que ce qui les entoure et la lecture du film n’est pas, comme certains titres plus récents, parasitée par le décalage généré par des images de synthèse qui ont vieilli trop vite.
Si le résultat est dynamique, fun, sincère, il dégage en plus l’amour du travail bien fait. Inutile de rappeler que toutes les adaptations de comics ne bénéficient pas des mêmes qualités.
Je veux jouer au bingo des clichés avec ce film
Ou sinon, je regarde juste les 53 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool
Personnage > Agissement
Bagarre > Valdingue à travers une vitre, une palissade, une porte... – Chute dans le vide en criant « Aaaaaah ! » – Contre-intuitif > Lance une répartie comique incongrue dans un moment dramatique – Épie un personnage, caché plus ou moins discrètement derrière un journal ou un magazine – N’importe quoi > Projeté exagérément loin sous l’effet d’un coup de feu... voire d’un simple choc – Parent qui attend tranquillement dans le noir son enfant qui a fait le mur pour mieux le surprendre à son retour – Passe à travers une vitre > pour surprendre ou faire une entrée en scène stylée – Ruse > Accède ou ressort des égouts en soulevant discretos une grosse plaque en fonte du bout des doigts – Se frappe le front (et hoche la tête de manière désapprobatrice) pour souligner la stupidité d’un personnage – Se regarde dans un miroir > Maquillage, nœud de cravate, etc. – Stylé > Balance une petite phrase avant de mettre une personne hors d’état de nuire (ou juste après) – Stylé > Démontre son habileté avant un combat pour intimider son adversaire – Tension > Lève un pan de veste pour montrer une arme – Tension > Rappelle à ses troupes qui commande, nom de nom
Personnage > Caractéristique
Mégalo > Parle de lui à la 3e personne – Super pouvoir > Il/elle sait tout faire
Personnage > Citation
S’exclame > « Tu es/vous êtes viré·e ! » – S’inquiète > « Oh-oh »
Personnage > Héros ou héroïne
Bagarre > Héros attaqué par surprise
Personnage > Interprétation
En fait des caisses – Regard incrédule
Personnage > Méchant·e
Ruse > Un·e vrai·e méchant·e se bat de manière déloyale
Personnage secondaire
Flics qui arrivent et se déploient après la bagarre – Journaliste fouille-merde/chasseur de scoop
Réalisation
Grammaire > Ralenti lors d’une chute ou d’un saut dans le vide – Habillage > Placement de produits – Média > Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite – Reconstitution de souvenirs, récit, accompagnés d’une voix-off – Vue subjective > Jumelles... avec deux ronds bien dessinés
Réalisation > Accessoire et compagnie
Tension > Jet de vapeur projetée par un tuyau qui fuit
Réalisation > Audio
Dialogues en arrière-plan sonore – Bruit exagéré > Coups donnés lors d’un combat au corps-à-corps – Voix off > Lecture/écriture d’une lettre – Woosh > mouvement / acrobaties
Réalisation > Surprise !
Tension > Menace qui apparaît dans le dos d’un personnage
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Calembour – Essaie de cacher un élément compromettant sous les yeux d’un tiers qui ne doit rien en savoir – Gag cartoonesque – Ronflements
Scénario > Contexte spatio-temporel
Cliché touristique
Scénario > Dialogue
Phrase-choc – Répliques à la con – Stylé > Vanne sur la mauvaise haleine
Scénario > Élément
Agressé.e à une station de métro étrangement déserte – Enfant qui s’enfuit de la maison après une dispute
Scénario > Ficelle scénaristique
Déchets industriels/nucléaires mutagènes (mais aux effets sympas) – Infiltration > Enfile la tenue d’un·e méchant·e
Scénario > Situation
Situation > Moment « Woo-hoo ! » – Tension > Torture
Thème > N’importe quoi
Carton-pâte > Coup de poing pouet-pouet – Scientifiquement non prouvé > Physique des matériaux soumise à rude épreuve
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Femme effrayée par un insecte ou un rat – Image dégradante > Féminisme de comptoir
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Barème de notation :
1. À gerber
2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
3. On s'est fait grave chier
4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
9. Gros gros plaisir de ciné
10. Je ne m'en lasserais jamais