Il est où le mimi, le rara, le miracle ?

J'aurais du m'en douter pourtant, j'aurais du le sentir venir en voyant la bande-annonce. Mais j'ai pris le risque après avoir reçu de bons retours mais ça a été une déception du domaine... de la déconvenue. Il y a tellement de monde pour lesquels Les Inconnus ont représenté un modèle concernant l'humour. Sur scène, dans leurs sketchs télé, dans la chanson humoristique, au cinoche... Selon moi si on prend les projets où ils étaient tous les trois impliqués, il n'y avait aucune véritable fausse note, malgré l'accueil plus mitigé réservé Aux rois mages en 2001, je trouve ce dernier correct.

Donc presque 20 ans après le premier épisode, on retrouve nos trois larrons : Bernard est toujours comédien, mais sa carrière n'a pas décollé. Tout juste est-il connu pour une publicité pour des croquettes pour chien qui tourne en boucle, mais il essaie surtout de vendre un one-man show minable. Pascal vit au crochet d'une riche américaine chaudasse qui ne lui plaît pas physiquement, il veut l'épouser pour pouvoir avoir son mot à dire sur l'argent. Quant à Didier, il se fait passer pour un professeur de philosophie mais il vend en réalité des jouets sexuels par correspondance. Ils se réunissent pour une raison similaire au premier mais plus forcée.

J'aimerai dégager du positif avant d'aborder le négatif, je vous jure que j'aimerai. Je le répète, j'aime tout ce qu'ils avaient fait à trois jusqu'ici, vous vous doutez bien que j'aurais préféré accueillir le film à bras ouvert. Mais non. Commençons par le début qui n'a rien de glorieux. Sans dire que la suite sera beaucoup plus folichonne, les 15-20 premières minutes sont particulièrement pauvres en gags. Bon, on va dire que certaines superbes comédies ne décollent vraiment qu'après les bases posées, je vois divers exemples comme Le viager, mais au cinéma je vous avoue que je m'interrogeai. "Allez ça commence quand à être marrant ?"

Dans les suites, surtout longtemps après l'original où il ne faut pas négliger la fanbase, il y a un équilibre à trouver entre faire référence au film précédent pour plaire aux fans et repasser les mêmes plats sans au moins changer l'assaisonnement. En exemple à ne pas suivre il y avait les bronzés 3 qui, parmi ses nombreuses fautes, se reposait trop sur le second. J'y reviendrai. Ici, on recycle aussi comme j'ai commencé à le dire plus haut : Pour Bernard c'est leur sketchs sur scène : Un spectacle minable dans lequel il peut être interrompu pour passer une commande à la place d'un serveur. Déjà vu. Ou encore, Didier dans une soirée mondaine qui se moque de ce qu'on peut penser de lui lâche des trucs salaces comme dans Le pari... en moins bien que dans Le pari.

Ça encore c'est léger mais restons avec Didier, on prend le même et on recommence : Il est dans une famille qu'il ne peut pas blairer mais qui a du pognon. Comme dans le premier. Sans parler du fait que, Pascal et lui soient dans une situation similaire dans le même film. Didier attend que la mère de sa compagne meure pour toucher l'héritage et, autre souci : L'artificialité de ces moments. Les deux femmes sont visiblement grimées (donc par définition si ça se voit trop c'est que c'est mal fait) pour leur donner un air plus décrépi. Pour en terminer avec la comparaison avec les anciennes sorties du trio, il y a par contre certains traits de caractère qu'ils ont abandonné qu'ils auraient pu garder sans souci. Par exemple, voir Pascal commencer régulièrement ses phrases par « c'est du domaine de... » n'aurait sans doute gêné personne. Assurer une continuité se défend.

Je me souviens il y a quelques années alors que je guettais les diverses news sur le film, Pascal Legitimus disait en gros que leurs personnages allaient être vraiment dans la merde parce que « On ne fait pas rire avec du bonheur » et il est vrai que la recette avait marché dans le passé. Mais quelquechose s'est passé. La frontière est mince entre le caustique et le détestable, elle est franchie ici.

Malgré leurs défauts, autrefois ils ne me semblaient pas (surtout Didier et Pascal, Bernard restant dans le fond le plus gentil des trois) aussi mauvais. On pouvait leur donner des circonstances atténuantes dans le premier. Déjà, avec le notaire, un million leur passait sous le nez pour un petit détail auquel il aurait du penser avant ce qui amenait une réaction en chaîne qui les mettait dans la mouise. Mais surtout pas mal de gens avec qui ils se prenaient la tête ne valaient pas lourd non plus : Le père Rougemont et l'huissier de justice était des ordures, le patron de Pascal un bon gros faux-cul, etc. Seulement dans celui-ci, pas évident de leur donner des bons points.

Et quand ils s'occupaient du petit Michael dans le premier film à leur manière mais avec amour, ici ils couvrent avec plus de mauvaise volonté les conneries de Sarah, la fille de Bernard âgée de 16 ans. En pleine crise d'ado qui passe son temps à râler, idéal pour mettre le spectateur sur les nerfs avec son côté wesh wesh et ses « bâtards ! » à tout bout de champ. Pas sûr que les ados s'y reconnaissent forcément. Dans les échos sympathiques au premier, on reverra néanmoins Michael désormais adulte, ce qui peut faire plaisir. Mais tout ça, l'artificialité, les repompes, les personnages moins cool, ça pourrait passer si c'était drôle. Mais non. Le tout est très poussif, la salle de cinéma bien remplie était loin d'être pliée en quatre, combien de fois ai-je attendu une chute forte qui n'est pas venue.

La verve des trois frères a disparue. Tenez, un autre recyclage : A un moment, ils se retrouvent drogués. Ça n'amène rien derrière. Ils ont le teint rougeâtre et répètent avec les yeux dans le vague ce que disent leurs interlocuteurs, ces derniers sont un peu surpris mais pas plus que ça, ils vont dormir, basta pour cette scène. C'est une des scènes où je me suis dit « c'est tout ? ». Parfois j'étais même gêné de voir ça. Et je sortais du film comme un rien quand, à deux reprises, j'ai repéré où des scènes ont été tournées.

Ah oui, notons la musique de transition entre beaucoup de scènes (utilisée à peu près 127 fois) qui à force a un effet sitcom cheap. Mais allez : D'accord, il y a quelques scènes qui remontent un peu le niveau. En général dans une banque. Mais c'est insuffisant, ce film n'a rien de neuf et est loin d'être hilarant. Au contraire je trouve ça un peu triste parce que ce sont Les Inconnus. La déception est d'autant plus piquante que ça vient d'eux, mais même si ça avait été un projet qui leur était étranger donc tout un chacun partant avec des attentes moins hautes, ça n'en ferait pas un bon film pour autant.

Si leur notoriété et la promo ont permis d'atteindre un score correct au box-office, sans doute assez pour être rentable sans même compter les ventes DVD et Blu-Ray, et si certains ont quand même apprécié, tant mieux pour eux. Mais je ne vous le conseille pas, c'est pas terrible, je pense que ça aurait mérité d'être plus travaillé. On a parfois parlé du syndrome des comédies françaises où tout ce qui est drôle est dans la bande-annonce. En voyant qu'elle n'était absolument pas drôle, des potes vieux fans n'ont pas voulu voir, et d'autres ont voulu se convaincre que c'était un signe qu'au contraire ils avaient gardé le meilleur pour le film... si seulement...