Une première moitié qui donne envie de la deuxième

Au contraire de ceux qui font la fine bouche devant cette nouvelle adaptation (et Ière partie) des Trois Mousquetaires, je l'ai bien appréciée et mon seul vrai déplaisir est qu'il faille attendre décembre pour voir la IIème partie.

Sans être géniale, cette première moitié (dite : Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan) est tout à fait honorable. Elle a beaucoup de rythme et aucun temps mort (pas un gramme de graisse dans le scénario). La bande son est haletante, la reconstitution de l'époque : plutôt réaliste, du fait d'une utilisation maligne et assez judicieuse des couleurs. Les extérieurs et intérieurs sont, dans l'ensemble, bien choisis, d'époque et naturels, donc avec 4 siècles de plus qu'au moment du déroulement de cette histoire (la tonalité des couleurs utilisées dans le film tentant de gommer ce vieillissement de la pierre des bâtiments).

C'est filmé en lumière, elle aussi, naturelle ou avec un éclairage aux bougies (ou aux flambeaux) souvent magnifique. Certains diront que l'image est sombre, mais au XVIIème siècle quand le soir tombait, la plupart des lieux plongeaient, au mieux, dans une semi-obscurité (et en hiver, pas question d'ouvrir l'électricité dès 4 heures de l'après-midi).

La mise en scène des combats n'est peut-être pas le point le plus fort du film, mais elle est correcte, et le tournage en plans séquences donne à toute cette gymnastique pas mal de réalisme. Et puis il y a une grande distribution. D'Artagnan, Athos, Porthos et Aramis sont sans doute trop âgés pour leurs rôles, mais ce sont de suffisamment bons acteurs pour qu'on ne s'y arrête pas. Eva Green a le redoutable privilège d'incarner Milady* et elle s'en tire couci-couça (la scène où elle séduit Buckingham et où elle lui subtilise le collier aux ferrets n'est pas une des plus réussies du film, mais c'est probablement davantage un problème de mise en scène que d'interprétation). Lyna Khoudri en Constance Bonacieux est très bien : charmante, comme d'ailleurs Vicky Krieps en Anne d'Autriche, reine de France. Louis Garrel compose un Louis XIII convaincant et pas du tout ridicule ; son visage reflète la succession des sentiments qui l'agitent.

Beaucoup de personnages secondaires (Rochefort, Tréville, Gaston d'Orléans, Buckingham, Marie de Médicis) sont très bien castés. Par contre, j'ai été déçu par le cardinal de Richelieu : dans cette Ière partie, il fait quasiment de la figuration.

Pour en revenir aux quatre mousquetaires, François Civil en d'Artagnan est vraiment très bien : naïf et plein de fougue ; il éclipse un peu (trop) les trois autres : Vincent Cassel, Romain Duris et Pio Marmaï, parce que son rôle est bien plus développé, mais les quatre sont d'excellents acteurs et de valeur à peu près équivalente.

Je dois dire que je n'ai pas relu Les Trois Mousquetaires depuis ma lointaine adolescence, mais même si cette première partie du film de Bourboulon prend pas mal de libertés vis à vis du roman de Dumas, ça ne m'a pas du tout gêné, je l'ai trouvée passionnante et j'ai hâte de voir la suite.

Après défilement d'une bonne partie du générique final, une brève séquence destinée au non-initiés révèle que Milady ne s'est pas, comme ça aurait dû, tuée en se jetant du haut d'une falaise anglaise pour échapper à d'Artagnan. Et alors que celui-ci et ses trois frères d'armes sont plus que jamais ses ennemis personnels, son rôle d'agent secret du Cardinal va forcément devenir majeur dans la IIème partie du film, puisque celle-ci s'intitule : Les Trois Mousquetaires - Milady.

Vivement Décembre !

* Pour moi, le casting idéal de Milady aurait été Cate Blanchett.