Tous pour un, un Porthos

Réalisé par Martin Bourboulon à qui l'on doit Papa ou Maman ou encore Eiffel, il adapte cette fois ci sûrement l'oeuvre la plus célèbre d'Alexandre Dumas à savoir Les Trois Mousquetaires. L'action se place en 1610, une trentaine d'années après la Saint Barthélémy, qui a pour conséquent de frictionner les relations entre le Royaume de France dominé par le catholicisme et le Royaume d'Angleterre dominé par le protestantisme. Alors que le Roi Français fait tout pour conserver la paix entre les deux territoires, un complot se trame afin de faire éclater la guerre.

Au milieu de cet imbroglio, D'Artagnan, un jeune fougueux, ici interprété par François Civil, rejoint les rangs du Roi, plus particulièrement les mousquetaires. Très vite, celui-ci sera au cœur de ce complot et tentera aux côtés d'Aramis et Porthos de sauver la vie d'Athos, condamné à mort pour un crime qu'il n'a pas commis.

Bon alors j'ai bien aimé le film hein, mais vous voyez sans doute déjà où est le problème. Il y a trop d'informations pour un synopsis. Deux paragraphes ou bien huit lignes pour un synopsis, c'est trop. C'est principalement ce que je vais reprocher à ce film, il se passe trop de choses. Ca rend le tout parfois un peu fouillis, des fois on s'y perd un peu, on ne sait plus trop où on en est, et ça a tendance à créer un problème de rythme. Sachant qu'au milieu de tout ça il y a également de la romance et bien des fois il se passe tout et des fois il ne se passe rien. On a tendance à avoir une surcharge d'informations, car il y a beaucoup de révélations que ce soit concernant l'enquête de D'Artagnan, les complots orchestrés par le personnage d'Eva Green, etc...

Malgré ce petit soucis de surplus et de rythme, on passe un agréable moment notamment grâce à une immersion totale dans cette France du 17ème. Les bâtiments, les décors, les costumes sont vraiment magnifiques, ils paraissent palpables, auquel s'ajoute des dialogues percutants et des acteurs portant le scénario à bras le corps.

Les scènes de combat par ailleurs sont à la fois bien éclairées, chorégraphiées, mais comme l'ont prouvés les frères Russo, avoir de belles chorégraphies c'est bien, mais bien filmer et bien monté, c'est mieux. C'est le cas des 3 mousquetaires qui nous offre des duels à l'épée très lisibles, on sait toujours où se situent les personnages, qu'est ce qu'ils font, où ils en sont, il y a un certain sens de la géométrie fort appréciable, rendant le tout très palpitant. Je me plaignais que dans les films post 2000, la shaky cam et les cut étaient surexploitées et cela avait tendance à rendre le tout illisible. Sans aller dans l'extrême en apportant l'exemple de Taken 3, on peut constater que les combats de la postlogie n'étaient pas palpitant dû à un montage frénétique, mais aussi par exemple dans Bullet Train de David Leitch. Heureusement que John Wick passe par là et vient faire du bien à ce genre. Non pas que ce soit comparable avec Les 3 mousquetaires, loin s'en faut, mais, une caméra maîtrisée de la sorte est bien plus plaisante que cette absence de géométrie que comportait Tenet. Comme quoi, ce n'est jamais une question de budget, mais de talent. Alors oui, ça se place haut dans le budget du cinéma français, avec ses 30M, malgré tout nous sommes loin de la moyenne des blockbusters actuels qui s'élèvent à 400M.

Le film de Bourboulon aurait pu, je pense, bénéficier d'une heure en plus (sachant qu'il dure 2h) afin de prendre un peu plus le temps de poser son univers mieux travailler ses personnages qui une fois de plus même si ils sont appréciables, sont présentés de manière un peu grossière. Il est aussi à noter que pour ne pas spoiler j'ai volontairement occulté un élément du scénario, mais qui vient s'ajouter à ce trop plein de scénario. C'est toujours le même gimmic, c'est à dire que c'est D'Artagnan qui s'empresse de rattraper quelqu'un et qui va rentrer dans Athos, puis dans Aramis et enfin Porthos. C'est un peu grossier et l'événement qui en suivra aura pour ma part du mal à me convaincre qu'ils sont devenus copains comme cochon. Malgré tout, dans cette version, Bourboulon arrive à moderniser l'oeuvre originelle en y apportant de l'épique et prenant le pouls de ce que les spectateurs attendent d'un film grand public aujourd'hui. L'histoire vient nous attraper, nous tenir en haleine et respecter l'univers ainsi que l'oeuvre de Dumas.