Lesson of Evil
6.7
Lesson of Evil

Film de Takashi Miike (2012)

AVERTISSEMENT : Bien que ce ne soit pas nécessairement un problème, il est probable, voire inévitable que cette critique spoile à partir d'un moment. Donc, en guise d'intro, je vous conseillerais tout simplement, si j'étais moi, de ne pas forcément commencer Takashi Miike par ce film (encore qu'il soit parfaitement abordable sans avoir lu le manga dont il est tiré, preuve vivante à l'appui, contrairement à d'autres adaptations du stakanoviste Miike plus "condensée"...), bien qu'il soit excellent. Allez voir son Itchi The Killer, son incroyable Dead or Alive, et son reconnu et apprécié The Audition par les amateurs d'horreur (qui m'a étonnamment toujours laissé froid, mais bon, les goûts, les couleurs...Etc), son non moins excellent Visitor Q qui a su séduire malgré son propos extrême même les cercles cinéphiles embourgeoisés (voire son épisode dans la série Masters of Horror reconnu a posteriori comme peut-être le meilleur de ladite série, avec La Fin Absolue du Mondeum de Carpenter) pour vous faire une idée.
Ceci étant dit, allons-y gaiement.


J'aime les réalisateurs qui ne s'imposent aucune limites, qui bouffent de la pellicule au km et osent gratter à tous les râteliers, quitte à se manger quelques murs au passage.
Miike a en plus réussi à s'imposer comme un adaptateur de manga live bien loin des merdouilles qu'on peut nous servir pour surfer sur le succès d'une série à la mode. Il le fait parce qu'il aime visiblement ça.
Et Lesson of Evil le confirme indéniablement. (Crows aussi, dans son genre)
Je parlais des réalisateurs avec des dizaines voire centaines de films au compteur, et difficile (pour moi) de ne pas penser à un film de Jess Franco des 60's (entre autres, j'y reviendrai peut-être), le à la fois bon et mauvais Le Sadique Baron Von Klaus, tout entier tendu vers une scène magistrale, qui malheureusement n'a pas survécu à la censure. Ce qui nous donne une mise en tension sans résolution. Et le film perd tout son sens (la scène ayant été depuis peu retrouvé, l'exemple tombe à l'eau) (mais l'attente valait carrément le coup!)


Lesson of Evil fonctionne de façon analogue. Après une intro très "slasher" dans l'âme, on oscille entre le thriller un peu tiède et une sorte de Great Teacher Onizuka version BCBG qui ne décolle pas vraiment, film de lycéens, drame, thriller, on ne sait vraiment pas trop où le film veut nous emmener, d'autant qu'il fait montre d'une certaine pudeur en terme de sexe et de violence qui a de quoi surprendre quand on connaît la bête... du moins, durant son premier tiers, disons.


Car tout vient à point à qui sait attendre, et la réponse arrive dans le dernier tiers du film : un pur jeu de massacre sans une once de pitié, un battle royale unilatéral (qui se paie le luxe d'être moins gratuit qu'il n'y paraît, pour qui souhaite prendre la peine de gratter les croûtes et écarter les viscères), bref, cruel sans virer au "torture porn", gore, efficace, nihiliste, frontal, on retrouve un Miike en grande forme qui prend indéniablement plaisir à se défouler, et compense les baisse de rythme ponctuelles de la première heure avec du gore jouissif où l'on peine à prendre sa respiration.


Un "to be continued" vient gâcher peut-être un peu le final, mais bon, la suite nous réservera peut-être de bonnes surprises, si tant est qu'elle existe. (et la réponse est "non, (mal)heureusement )


Jouissif, excessif, Miike avait encore des choses à dire en 2012, et ça faisait longtemps que je n'avais pas pris un tel pied dans ce domaine.


En attendant la sortie chez nous de The Sadness, pourquoi ne pas s'accorder cette petite gâterie ?

toma_uberwenig
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 31 janv. 2022

Critique lue 130 fois

4 j'aime

2 commentaires

toma Uberwenig

Écrit par

Critique lue 130 fois

4
2

D'autres avis sur Lesson of Evil

Lesson of Evil
Voracinéphile
9

Takashi the killer

Miike a cela de fascinant, il a une conception de la violence aussi simple que détaillée, et cohérente avec chacun des personnages de ses histoires. Qu’on soit dans Ichi the Killer ou Visitor Q,...

le 14 mai 2014

13 j'aime

11

Lesson of Evil
oso
8

Interro surprise au Shotgun

Bienvenue dans le monde de la démesure selon Takashi Miike. Lesson of the evil emprunte à l'univers de son auteur une violence frontale pour faire de ce jeu de fausses pistes endiablé un moment d'une...

Par

le 21 juin 2014

7 j'aime

Lesson of Evil
Truman-
5

Critique de Lesson of Evil par Truman-

Lesson of the Evil démarre avec une bonne idée, celle d'un prof qui est aussi un psychopathe et qui a des troubles de la personnalité . L'idée sur le papier ( quoi que peu original et souvent...

le 12 sept. 2013

5 j'aime

1

Du même critique

Invasion Los Angeles
toma_uberwenig
8

Debord décrypté par un ex-catcheur

C'est de loin la meilleure, la plus claire explication possible de ce que Debord essaie de nous faire comprendre dans la Société du Spectacle. Bon, d'accord, les extraterrestres et les lunettes...

le 1 avr. 2011

84 j'aime

12

The Wicker Man
toma_uberwenig
10

Come. It is time to keep your appointment with the Wicker Man.

S'il n'en restait qu'un, ce serait celui-ci, presque sans hésitation. Et je profite du fait que ce soit le 1er mai, date au centre de l'intrigue du film, pour me décider à en parler. Tout commence...

le 1 mai 2011

74 j'aime

27

Si tu tends l'oreille
toma_uberwenig
8

Le temps retrouvé

Si vous abordez ce film avec les faux espoirs instillés par la bande annonce d'être confronté à un conte surnaturel, vous serez déçu. Et ce serait dommage, le film ayant beaucoup à offrir à ceux qui...

le 4 mai 2012

67 j'aime

3