Quand vous lirez cette lettre, je serai peut être mort. J'ai tant de choses à vous dire, et si peu de temps.


Au cours d'une existence, les trains se croisent, s'arrêtent pour mieux repartir. Les passagers défilent, nombre d'entre eux attendent sur le quai. C'est un lieu singulier où l'on croise multitudes de personnalités. Il y a ceux qui cours après le temps, ils vont de wagons en wagons et ne s'attardent pas, ne se questionnent pas quand d'autres restent sur le quai dans une attente éternelle, angoissés par un amour profond mais vagabond. Ils errent depuis leur tendre adolescence en quête du partage absolu.


Le temps s'allonge, l'attente avec, et vient la fatalité. Un sursaut, lueur d'espoir dans le parcours initiatique. La brume revient, finie d'éteindre la nitescence éphémère et la vie suit son cours, avec son bagage d'obligations. L'enfant est là, rappel de ce qui fut, promesse de ce qui pourrait être mais les trains sont capricieux.


Au gré de leur envie, ils s'arrêtent brusquement, usant de leur diligences empoisonnées pour atteindre l'innocence. La promesse n'est plus, et s'éteint avec elle l'objet de mon désir, celui-là même qui éclaira les ombres de mes tribulations sans que j'en prenne conscience.


Le regard apposé sur la ligne du temps, je visualise ces moments au gré des écrits qu'elle m'offre. L'essentiel est là, un condensé de l'existence humaine et son penchant irrémédiable pour l’irrationalité des sentiments. Tous nos êtres, de par leur présence ou leur absence, ont discouru d'amour. L'amour partagé, inégale, passionné, platonique, désespérée, féerique, désillusionné. Son essence nous a transpercés et ce n'est seulement qu'au crépuscule de nos existences qu'il s'est offert à nous, dans toute sa complétude.


Je me délecte en ces derniers instants de la délicatesse que m'offre la vie. Le beau m'appartient et je me sens emplit comme si tout avait pris sens. D'une certaine façon j'ai pu partager ces moments, j'ai reconnu ce qui m'a toujours appartenu et j'ai trouvé ce qui n'était jamais perdu. Si seulement...


« Verba volant, scripta manent »

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le 18 févr. 2016

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Westmat

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