La sincérité et le raté
J'aime beaucoup le found footage et j'ai clairement le genre de petit plaisir coupable, qui arrive à m'avoir facilement. Ici, on est sur quelque chose d'assez particulier, dont je vais encore...
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le 7 sept. 2025
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18 juillet 2018, la police débarque dans la résidence des Starnes et y découvre les cadavres de la famille. Tous ? Non, la petite Annabelle "Belle" Starnes, huit ans, demeure introuvable. L'enquête n'arrivant pas à expliquer les événements qui ont conduit à cette tragédie ni la disparition de Belle, les autorités décident de mettre à disposition du public les images de surveillance de la maison et de la caméra de la fillette qui rêvait d'avoir sa propre chaîne Youtube. Voici ces images ("doum-doum")...
Aaah un petit found footage efficace sorti de nulle part, on n'a rien contre ! Surtout que ce procédé, encore plus lorsqu'il est utilisé ici en mode "Paranormal Activity", semble être retombé en désuétude ces dernières années après avoir inondé l'horreur/épouvante des années 2000 d'un lot considérable de propositions où les véritables perles se faisaient rares (mais il y en avait pourtant bel et bien !). Toutefois, aujourd'hui, un projet nous rappelant l'existence de ce qui est devenu depuis un sous-genre à part entière ressurgit de temps à autre, permettant à de jeunes réalisateurs de s'y exprimer avec un maigre budget et parfois de s'y faire remarquer avec une utilisation judicieuse du procédé.
Petit film tourné avec deux bouts de ficelles -bon sans doute trois ou quatre tout de même- et en famille qui plus est (les parents et les enfants sont tous des Robinson comme le réalisateur Shawn, Belle est même sa fille), "Life of Belle" ne cherche certes pas à réinventer la roue du found footage en lorgnant donc fort vers une approche à la "Paranormal Activity", aussi bien en termes de forme que de structure narrative (une compilation d'instantanés de vie familiale, une montée en puissance autour d'un élément perturbateur et un final forcément plus débridé), mais, en jouant sur plusieurs tableaux par ce qui peut aussi bien traduire un processus de désagregement mental en train d'aspirer tout ce qui l'entoure que le réveil de quelque chose de bien plus trouble, le film va se montrer un peu plus malin que pas mal de ses confrères et surtout se montrer capable de quelques belles envolées au niveau du trouillomètre.
Astucieux dans l'utilisation à la fois de ses plans fixes de surveillance pour amener le spectateur à y scruter toute anomalie (certaines bizarreries à apercevoir nécessitent même parfois de revisionner un passage) et des images rapportées par la petite Belle à hauteur d'enfant sur des comportements adultes qui traduisent joliment sa fébrilité à les comprendre (les enfants jouent d'ailleurs comme de "vrais" enfants et non comme des stéréotypes, avec une approche que l'on pourrait presque qualifier de naturaliste par la vision offerte de leur quotidien et de leurs réactions, un peu dans la lignée d'un "Skinamarink" sur cet aspect), "Life of Belle" va donc faire plutôt habilement monter en gamme la destruction anxiogène de sa cellule familiale avec autant de phénomènes propres à une descente aux enfers aux racines tristement rationnelles qu'au surnaturel tapi dans "les ombres au coin de l'oeil", discret mais terriblement pernicieux par son harcèlement, pour en tirer une atmosphère mixte, pesante sur tout le spectre qu'elle exploite ainsi et nous forçant à adopter les yeux d'enfants qui y gravitent, naïvement curieux d'en découvrir plus dans ses plans les plus immobiles au point de se faire avoir par quelques très belles idées de jumpscares (et, sans fausse modestie, il en faut pas mal pour nous surprendre à ce niveau).
Malheureusement, outre quelques facilités ici et là (que fait le père alors qu'on nous souligne bien qu'il regarde les caméras de là où il est ?!), en posant le spectateur comme un dieu omniscient sur ce qu'il a dévoilé, "Life of Belle" trouve aussi vite ses limites dans le format du found footage qui oblige la lumière sur la véritable nature (et donc la vision à privilégier) de ce qui tourmente les membres de cette famille et le respect des règles de la narration adoptée pour aboutir à une conclusion sans surprise et bien moins forte qu'elle ne le voudrait vis-à-vis de ce qu'y est représenté.
Bref, si vous n'êtes pas adepte du found footage, il est fort possible que "Life of Belle" ne vous réconcilie pas avec les films d'épouvante faits d'images de caméras "retrouvées" mais, pour les bons clients de la méthode que nous sommes (oui, on l'avoue dans honte), ce petit film de famille pas comme les autres des Robinson vaut le détour ne serait-ce que pour son ambiance réussie, ses appuis partagés entre le réel et le fantastique et quelques moments de frissons assez redoutables.
La vie de la choupinette Belle démarre de manière mouvementée et on est plutôt content qu'elle ait décidé de la filmer.
Créée
le 1 août 2025
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