Lilo & Stitch
6.7
Lilo & Stitch

Long-métrage d'animation de Chris Sanders et Dean Deblois (2002)

De l'aquarelle dans les yeux et le King dans les oreilles

J'ai découvert ce film tout à fait par hasard. Pas eu l'occasion de le voir au cinéma, Lilo & Stitch était passé de manière très discrète sur nos écrans, sans soulever de vague. Aussi, quand j'ai acheté son DVD, j'ignorais totalement dans quoi je mettais les pieds (même l'histoire m'était inconnue).

Les avis sont partagés sur cette production, certains ont même détesté. Personnellement, ça a été le coup de foudre instantané. Et pourtant, oui, les studios aux grandes oreilles ont pris des risques avec cette œuvre. Ne serait-ce déjà que le style graphique, qui sort des canons habituels : les filles ne sont pas des sylphides blondes aux yeux bleus, avec des cils interminables projetant des paillettes dès que leurs paupières papillonnent. Nani a des formes : des hanches, des cuisses, des mollets, de vrais bras mais une petite poitrine, pas de mascara et des cheveux crédibles. De même, Lilo est une petite fille rondelette, avec des yeux bridés caractéristiques des peuples tahitiens, hawaïens et autres maoris. En fait, de manière générale, les personnages sont ici dépeints de façon réaliste (tout en conservant toujours cette touche propre aux dessins animés).

Autre risque pris : les personnages en eux-mêmes. Stitch, le héros, n'est pas un gentil toutou dont le cœur dégouline d'amour pour son prochain. Il a été créé pour détruire et il est politiquement incorrect (il crache, mord, griffe, déchire, lacère, provoque, pousse sans dire pardon et construit pour mieux anéantir). Lilo elle-même n'est pas la petite fille modèle : elle collectionne les photos de touristes ridiculement bronzés, agresse ses camarades, met volontairement sa grande sœur dans la panade. Nani, quant à elle, est assurément la plus crédible de tous : elle galère pour élever sa sœur, galère pour trouver un job, laisse la vaisselle s'entasser, la purée sur le feu, hurle après Lilo avant de faire tout son possible pour la rendre heureuse. Et enfin, David, est gentil, maladroit et empeste l'essence. Quant aux extra-terrestres, il y a de tout : de la politicienne sévère au frêle fonctionnaire naïf, en passant par le général aussi brutal que soucieux de bien faire et le scientifique fou sans foi ni loi qui s'amuse beaucoup de la situation.

Dernier risque : la réalisation (à savoir : la technique et la musique). Ici, tous les décors sont faits à l'aquarelle. Chose qui n'avait encore jamais été fait aux studios et qui a demandé un réapprentissage total de la part de l'équipe de production des fonds. Une technique incroyablement chronophage mais qui donne un cachet très particulier à ce film - cachet qui m'impressionne toujours à chaque visionnage. Et puis quid de la musique ? Choisir de diffuser des extraits des tubes d'Elvis à une génération qui ne l'a pas connu, c'est quand même fort de café. Et pourtant, l'alliance fonctionne à merveille. Chaque morceau est subtilement sélectionné pour coller à la scène à laquelle il est rattaché. Le tout mêlé à des airs typiquement issus du répertoire hawaïen qui, là encore, constitue un assemblage au poil.

Mais, là où je pense que les réalisateurs : Dean DeBlois et Chris Sanders, se sont vraiment mis en danger c'est sur l'histoire du duo Nani et Lilo. Il est tout de même question d'une famille brisée par la disparition des parents dans un accident de voiture et qui, tout au long du film, menace de s'effondrer complètement, les services sociaux estimant que Nani n'est pas en mesure d'élever une enfant aussi perturbée que Lilo. Nani qui aime sa sœur et qui s'arrache pour faire en sorte qu'elles restent l'une avec l'autre, sans grande réussite. Lilo, qui aime son aînée également, et qui est bien plus au fait de la situation catastrophique dans laquelle elles sont qu'il n'y paraît, mais qui n'en fait qu'à sa tête et les pousse ainsi un peu plus au bord du gouffre. On rit, mais on a aussi la gorge serrée pour ce couple qui ne tient qu'à un fil. Surtout que l'arrivée de Stitch va venir encore plus pourrir les efforts de Nani...

En bref, Disney a pris beaucoup de risques avec cette production - dont le speech a changé plusieurs fois de direction, notamment à cause des attentats du 11 septembre - qui fonctionnera très bien sur certains et pas du tout sur d'autres. J'estime cependant qu'il mérite d'être vu. Le sujet est dur, tout en étant traité suffisamment légèrement pour pas plonger les spectateurs dans le marasme. Les couleurs sont belles, l'animation est au rendez-vous et la musique est top.

Créée

le 31 mars 2014

Critique lue 303 fois

NicodemusLily

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