Linda veut du poulet est un film qui déborde d'idées visuelles, de mise en scène, narratives pour raconter quelque chose de très simple : le souvenir d'un père décédé. Le film est un joyeux bordel qui s'amplifie tout le long. On commence avec des idées très simples pour montrer la mort du père, on suggère avec beaucoup de pudeur... Et puis le récit démarre, cette quête pour faire un poulet aux poivrons, en souvenir du père, va dégénérer totalement. C'est la force du film, ce drame familial devient un film politique où la police est ridiculisée, les CRS battent en retraite face aux habitants d'un quartier, pour finalement créer un moment de communion collective autour du poulet. Notons que le film se passe durant une grève générale tellement dure que même les commerçants font grève ! Tout le monde fait grève sauf les profs de yoga. Le yoga est donc officiellement de droite. D'ailleurs la prof de yoga est tellement de droite qu'elle se joint à la police pour rétablir l'ordre. Tout ça ne s'invente pas !
Il ressort donc de cette histoire de deuil, de mémoire, de souvenir, une énergie vitale. Certes c'est triste, mais ça ne se regarde jamais le nombril, ça ne se lamente pas, ça regarde toujours vers l'avant... Ce qui rend le film plein de tendresse, des moments mère/fille, des moments de camaraderie... la promesse d'une nouvelle famille...
Derrière son inventivité visuelle, ses chansons parfois un peu inégales (il y en a une sur des bonbons qui est pas top, alors que le reste est vraiment sympa à écouter), ça arrive à être touchant. On parle de choses universelles, même au-delà des souvenirs du père disparu, on parle de l'enfance et des violences des adultes vis à vis des enfants, du pardon, de l'amour filial... Et à chaque fois ça parvient à faire mouche.
Grande réussite.
Je ne sais pas ce que les enfants comprennent de ce film, mais en tous cas il ne leur est pas réservé.