Dans le cinéma d'Afrique subsaharienne, qui a du mal à exister faute de moyens, le nom de Mahamat-Saleh Haroun s'impose d'emblée, lui dont chacun des films a été sélectionné dans les grands festivals européens. Lingui, les liens sacrés, est clairement un film féministe dans un pays, le Tchad, où les influences de l'Islam et du patriarcat ne laissent guère leur chance aux femmes, surtout lorsqu'il est question d'avortement ou d'excision. Les deux héroïnes de Lingui sont une fille-mère et sa fille de 15 ans, enceinte, mais ce sont des combattantes qui vont tenter, via un réseau de solidarité féminin, de trouver des solutions à l'amère situation de la seconde. Point de misérabilisme dans le film, dont la mise en scène est plutôt douce, mais une volonté d'embrasser le réel, en dépit de quelques raccourcis peu évidents dans le récit. Les hommes n'ont pas la part belle dans Lingui et peuvent parfois apparaître comme des stéréotypes, y compris l'imam intrusif, mais il y a un côté fable dans la narration qui tend à l'espoir et à la promesse de jours meilleurs pour la gent féminine au Tchad et plus largement en Afrique. Peut-être un vœu pieux mais Lingui, très bien réalisé par ailleurs, a choisi son camp, celui de l'entraide, du courage et de la tolérance dans un contexte guère favorable pour l'émancipation des femmes. Que faire d'autre pour nous, spectateurs européens, avec nos clichés persistants sur l'Afrique, que de saluer ce cinéma engagé et menacé par tous les obscurantismes ?

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2021

Créée

le 7 nov. 2021

Critique lue 401 fois

2 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 401 fois

2

D'autres avis sur Lingui - Les liens sacrés

Lingui - Les liens sacrés
Sergent_Pepper
7

L’étoffe des héroïnes

Le cinéaste tchadien Mahamat-Saleh Haroun est l’un des rares représentants de son pays, voire de son continent à alimenter de sa production les festivals. Après Daratt primé à Venise en 2006, Lingui,...

le 15 déc. 2021

6 j'aime

Lingui - Les liens sacrés
Cinememories
6

Malédiction et émancipation

Que dire du premier réalisateur Tchadien ? Que dire de cette nation, qui connaît à présent une portée symbolique, dans les combats qu’il mène, dans les mêmes thématiques qui préoccupent les...

le 29 juil. 2021

5 j'aime

2

Lingui - Les liens sacrés
Cinephile-doux
7

Amère et fille

Dans le cinéma d'Afrique subsaharienne, qui a du mal à exister faute de moyens, le nom de Mahamat-Saleh Haroun s'impose d'emblée, lui dont chacun des films a été sélectionné dans les grands festivals...

le 7 nov. 2021

2 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

75 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13