Jusqu'à présent, la seule chance de Wolwerine au cinéma a été d'avoir un acteur aussi habité par le personnage que dévoué à lui rendre hommage. C'est d'autant plus affligeant qu'après 6 films, pratiquement tous centrés sur lui qui plus est, pas un réalisateur/scénariste correct n'ait réussi à faire quelque chose de ce super héros ronchon, parmi les plus charismatiques qui soient.


Le Logan de 2016 est vieux, lent et faible, mais baigne dans une violence qui s'était pourtant toujours refusée à lui. Dénué de véritable antagoniste, si ce n'est le temps lui même, il vivote dans un monde qui a vécu l'apocalypse et ne semble pas pouvoir s'en remettre. Le sol est mort, recouvert d'un sable ocre aspirant le sang, l'univers tirant bien plus du coté de Mad Max que vers la tenue jaune de notre héros qu'on ne verra donc jamais au cinéma.


La première heure est un pur régal cinéphile : le temps est pris de montrer à quel point l'avenir est sombre dans ce monde post-Trump empli de défiance et d'une pauvreté sale. Nos héros sont mort, comme tout l'espoir qu'ils représentaient, les frontières infranchissables et la milice toute puissante. Logan est toujours aussi ronchon, mais ce que Mangold et Gavin Hood essayaient de faire depuis trois films trouve enfin un écho plausible : l'amertume du personnage est justifiée non pas par ses douleurs passées, mais parce qu'il est destiné, seul, à vivre lentement la fin du monde.


Et puis une petite fille arrive, et avec elle, une action qu'on se prend à ne plus désirer. Malgré tout, le film change de rythme, et s'adapte aux codes du road movie, et donc encore à Mad Max. Là, c'est à nouveau une réussite, centrée sur le jeu d'acteur d'un Patrick Stewart magnifiquement décadent mais toujours autant marqué par l'amour de son prochain. Il représente la seule lueur d'espoir d'un film véritablement crépusculaire, qui vient donc d'un vieillard sénile : pas très réjouissant...
Malgré les nombreuses scènes d'actions qui peuplent cette partie, jamais gores mais très sanglantes, subsiste encore une douce mélancolie qui accompagne les fins de règne : pas de musique, pas de photographie trop appuyée, une réalisation intimiste et des personnages au bout du rouleau.
"Profite de l'instant" dit alors le Professeur X, comme pour nous faire comprendre que cette perfection ne va pas durer.


Et... Patatras... La troisième partie du film, la plus courte, déconstruit avec l'habileté d'un camionneur bourré tout ce qui avait été subtilement mis en place précédemment :


La jeune fille se met à parler, et d'ailleurs n'arrête plus : son personnage pert tout intérêt et son coté badass, sans compter que son actrice déjoue à partir de ce moment là.
Le groupe de jeunes mutants, présentés comme supérieurs, est extrêmement décevant, et par la même l'objectif du film, qui était de simplement les retrouver.
Et enfin, la mort de Logan, précédée des scènes d'actions les plus mainstream du film, me porte à penser que je m'étais trompé. Mangold n'a peut être pas véritablement compris ce personnage de Wolverine, héros maudit qui se doit de vivre éternellement. La fin était toute trouvée, tant il semble qu'il soit né pour prendre la relève de Charles Xavier, bien qu'éternellement estropié et vieillissant...


CONCLUSION :
Des scènes d'actions retentissantes et sanglantes comme on les aime, un background très agréable dans un monde dénué d'espoir, une course en avant macabre, le film avait tout pour être une excellente réussite, et offre une merveilleuse porte de sortie à Hugh Jackman, mais une fois fini, une amertume négative reste en bouche : était-ce la meilleure façon de conclure cette aventure là ?

Jb_tolsa
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le 9 mars 2017

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Jb_tolsa

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