Il y a dans ce film un quasiment tous les éléments d'un western. Un héros vraiment héroïque (et solitaire, c'est presque un cliché), des autorités dépassées, une région où la loi des tribunaux n'est pas la seule en vigueur (et où elle semble d'ailleurs s'éloigner de la justice, en n'étant qu'une chambre d'enregistrement...). Il y a même les nomades touaregs en toile de fond, à la manière des traditionnels indiens, et l'armée française dans le rôle de la cavalerie US, qui arrive puis qui repart, laissant les personnages à leurs propres histoires. Le tout est adapté à la modernité d'un XXe siècle pas si ancien, et ici ce n'est pas l'action et les coups de feu qui prévalent, mais les personnages.

Je craignais que ce soit trop romantique, trop révolutionnaire et trop manichéen, mais le visionnage m'a agréablement surpris. Romantique, le film l'est sans aucun doute : cela dit si certaines ficelles sont grosses, le réalisateur fait aussi mouche à plusieurs reprises. Je pense en particulier aux scènes où les deux personnages avancent seuls au milieu du chaos des éléments, en silence et en se protégeant comme ils peuvent. Ces moments sont très forts, bien plus à mon avis que le rapprochement progressif des personnages eux-mêmes, qui est à la foi ultra-prévisible et un peu tiré par les cheveux. Révolutionnaire le film l'est aussi. Comment ne pas l'être avec le recul que nous avons sur cette période ? Mais manichéen il ne l'est pas. C'est certes un peu regrettable que la seule confrontation entre l'armée et les rebelles soit aussi caricaturale, elle sous-entend une lutte entre des criminels et des gentils révoltés. Et un civil, tout ancien militaire soit-il, qui donne des cours de morale à un officier devant ses soldats, c'est juste surréaliste. Le film aurait gagné à se passer de cette scène, surtout que la guerre d'Algérie ne joue aucun rôle dans l'histoire. Heureusement, tout le reste est là pour faire oublier ce passage, aidés par des dialogues moins simplistes que ce que montre l'image. Le charisme des deux acteurs joue aussi beaucoup, même si celui de Reda Kateb mette plus de temps à se percevoir.
Kehldarin
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le 18 janv. 2015

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