Dix ans après sa sortie, un nouveau visionnage de LOL s'avérait, sinon indispensable, du moins important pour quelqu'un qui, comme moi, apprécie replonger dans les limbes de son répertoire cinématographique. Et quelle surprise quand j'ai constaté que "mon" opinion sur ce film était en fait celle du gamin pré-pubère à la peau boutonneuse que j'étais en cette fin des années 2000. Car oui, revoir LOL en 2019 vous procure le même effet qu'une visite chez votre vieille tante amnésique et déséchée. Tout est morne, figé et poussiéreux. A ceci près que votre tante a l'excuse de l'âge pour ne plus rien avoir à vous apporter, tandis qu'une oeuvre rassemblant de jeunes acteurs et traitant d'un sujet aussi universel et profond que l'adolescence devrait pouvoir résister à l'usure du temps.
Et pourtant, l'esprit du film, qui d'après la réalisatrice est de représenter la jeunesse française, est d'emblée trahi par un élitisme parisien insupportable et une succession de clichés tout aussi agaçants. Liza Azuelos ne fait que nous proposer des archétypes : Une fille jolie et populaire, un guitariste (donc tombeur), une nymphomane, une droguée, une catin, un puceau (cela va de soi, Paul-Henri est fils de ministre). Le tout, emballé dans un conformisme étouffant qui s'incarne dans les personnages des parents, aussi caricaturaux que leurs marmots, est supposé attirer notre attention, voire nous subjuguer, pendant près de deux heures. A ce moment-là, ce qui nous retient, c'est le semblant de réflexion procuré par les représentations de la drogue, du sexe ou encore des relations mère-fille. Mais la profondeur de ces thématiques est vite occultée au profit d'un traitement exagéré de l'histoire d'amour entre Lola et Maël. La clef de voûte du film réside donc dans le pseudo-message qu'il propose : Ce sont les histoires d'amour qui font que l'adolescence est aussi difficile. En somme, tout un pan sociologique du film, largement exploitable et ce même quand on parle de la jeunesse dorée, est délaissé au profit d'une représentation caricaturale du monde des ados. D'ailleurs, l'univers qui compose ce film, sans être épuré, est relativement lisse. Les personnages transgressent les règles tout en se rattachant aux codes. Ils respectent trop leurs parents, véritables figures d'autorité, pour aller jusqu'au bout de leurs envies et entrent dans une phase de rébellion dont on sait, sans se projeter hors du film, qu'elle sera éphémère. "Ils sont jeunes donc ils sont tourmentés et se rebellent, surtout quand ils sont amoureux. Et puis okay, ils fument quelques pétards mais à côté c'est des musiciens donc ça va, ils finiront bien par rentrer dans le moule", tel est le propos, absolument dérangeant de par son simplisme voire sa niaiserie, qui semble se dégager du film.
Quant à sa forme, malheureusement aussi navrante que son contenu, je déplore le jeu des acteurs, notamment adolescents, parfois digne d'un nanar des années 1980 ou d'une telenovela espagnole. Certaines scènes, très dérangeantes au visionnage, nous offrent une quantité de dialogues creux et de réactions surfaites. Et si les bons acteurs ne manquent pas, qu'on pense à Sophie Marceau, Françoise Fabian ou Alexandre Astier (j'ai découvert, avec beaucoup d'incompréhension, la présence de ce dernier dans LOL lors de mon récent visionnage), leur statut secondaire ou leur manque de profondeur les rend simples et fades. Enfin, une mention spéciale à l'actrice incarnant De Peyrefitte (cf la blonde insupportable), dont le manque de talent illustre bien la vacuité technique et scénaristique du film.
Alors que retenir de LOL ? Ses musiques, rare aspect positif puisqu'elles s'accordent bien avec le sujet évoqué et les scènes diffusées, et sa beauté, dérangeante d'une certaine manière puisqu'elle produit des représentations faussées de l'adolescence et du monde qui l'accompagne. Pour ce qui est du contenu, passez votre chemin. Sensationnel et drama, ce film n'a pas d'enjeu si ce n'est celui de faire pleurer dans les chaumières.
PS : Le vin rouge, que je consommais tout au long du visionnage, a pu fausser mon jugement de ce film. Mais je ne le pense pas, il m'a plutôt permis de constater sa nullité.