Salut Lolita, on se connait je crois ? Tu es Femme, le fameux phénomène inexplicable !

Stanley à nous deux, j'ai bientôt fini ta filmographie, tu es mon deuxième réalisateur préféré, et pourtant je ne t'ai encore jamais critiqué. Cette critique sur cette Lolita sera donc l'occasion pour moi de se racheter. Elle sera rédigée de façon très personnelle par rapport à mon ressenti sur cette oeuvre, je conseille cette critique seulement aux personnes qui ont vu Lolita.

J'aurais pu te critiquer sur ton chant du cygne Eyes Wide Shut mais je ne crois pas avoir encore compris toute la subtilité de ta fresque cinématographie. Par conséquent, me voilà face à Lolita, ta chère et tendre. Ou plutôt dirais-je, le fantasme réellement contradictoire de que ce représente le sexe féminin.

Ta Lolita, je n’appréhendais pas vraiment de la découvrir puisque je savais qu'avec toi je ne serai jamais déçu. Mais c'était pas du tout une priorité d'aller la voir rapidement, je la voyais comme une oeuvre moyenne, bien qu'avec toi la moyenne vaut minimum un 7/10 dans le jargon des "SensCritiqueurs".
Finalement, je ne te connais pas assez, ta fameuse Lolita m'a vraiment marqué, ça fait maintenant quelques jours que je l'ai rencontrée et elle hante toujours mes pensées.

Tout d'abord, ta première scène, celle ou je pensais directement la découvrir. A la place, tu as décidé de me montrer la partie décisive de ta pièce dans une partie de ping-pong virevoltante et pleine de mauvaises intentions. Pour cela je tiens à te rendre hommage car je pense que c'est l'une des plus belles introduction du 7ème Art. Montrer le dénouement d'une oeuvre dès son commencement et en faire la partie la plus stressante et intense de la quête de Lolita, c'est justement terriblement osé mais c'est parfaitement réalisé et ça nous tient en haleine tout le long de cette aventure pour savoir si oui ou non il y aura une suite.

Ensuite, dans le deuxième acte tu as dévoilé l'ensemble des acteurs qui participeront à la vie de Lolita. Tu as toujours été doué pour les castings selon le thème de ton film ( Shining - Nicholson ; EWS - le duo Cruise-Kidman ; Ryan O'Neal - Barry Lyndon ; Orange Mécanique - Malcolm McDowell ), mais là je dois avouer que c'est encore un cran au-dessus, ton casting est vraiment parfait.

Tu es parvenu à trouver l'actrice qui représenterait le mieux le stéréotype de la femme "adorablement emmerdante" malgré sa bonne volonté. Je pense ne pas être le seul à avoir déjà eu l’occasion de rencontrer ce type de femme.
Tu as mis Peter Sellers dans un rôle qui lui permettait d'exprimer au maximum son talent et ajouter cette touche de folie un peu psychédélique qui rend cette oeuvre troublante et difficilement déchiffrable et qui rend la tâche quasi-impossible de comprendre qui est cette Lola et quelles sont ses motivations ???

Tiens parlons en enfin de cette Lolita (Sue Lyon - t'as pas honte de faire tourner une vraie fille de 16 ans avec un vieux de 53 ans - James Manson), à première vue elle ne pas fait grand effet avec les lunettes dans le jardin. Mais par contre, elle a ce charme inné qu'ont les filles de cette âge avec une insouciance de soi et des autres qui dégagent à la fois un sentiment de liberté, de voyage dans la jouissance et également fait non négligeable pour cette Lolita un côté charnel qui rend l'homme "soumis à la création de châteaux de sable".

Par la suite, tu nous propose une tirade de la haute société très intéressante où l'on distingue nettement ce superflus ambiant, qui s'éloigne du rite initial de l'homme comme en témoigne le comportement rebelle de notre Lolita. (oui je commence à me l’accaparer, elle a le don de m’envoûter).

Ensuite il y a la rencontre entre moi (James Mason; parce que finalement c'est le personnage vers lequel se rapproche le plus spectateur et peut se personnifier assez facilement) et elle. A ce moment là quand Lolita vient m'aborder je ressens cette atmosphère tendue, excitante, exaltante, intrigante, tout les superlatifs possible tellement tu me rends hors de contrôle et incapable d'analyser clairement la situation.

Par la suite comme par enchantement la liaison s'effectue à distance (là Stanley c'est un peu fort de café ta petite lettre de Lolita toute mignonne, mais ça ne m'a pas gêner plus que ça). Après avoir appris cette nouvelle, je décide de vivre mon rêve et pour cela il faut se débarrasser de l'être normal et mature (Shelley Winters). Et oui l'amour fait perdre la raison bien vu Stanley ! Une nouvelle fois d'une façon assez burlesque la disparition s'ensuit.
Peut m'importe, l'homme que je suis n'a plus de sentiments qu'envers mon fantasme, la femme fatale, ma Lolita. Je suis dénué du ressentis humain, je l'aime et la vie autour n'existe plus, ma passion du féminin me fait croire, me fait vivre, me rassure dans mes choix irresponsables (moment du règlement de l'accident de voiture).

* Je fais une petite coupure dans ma critique pour souligner le fait que ce film est d'ailleurs très drôle surtout la première partie, je suis assez difficile à faire rire mais il y a des moments vraiment hilarants.

Reprenons, me voilà comme dans un rêve avec ma promise, ma Lolita celle que j'aimerais garder auprès de moi pour toujours, celle qui deviendra ma raison d'être, celle qui m'offrira l'équilibre nécessaire à mon émancipation (oui oui quand on est amoureux on pense et on sort bien des anneries de ce niveau). Elle se retrouve avec moi dans la même chambre d'hôtel, le moment est fatidique j'ai l'occasion de .... Chose que Stanley se garde bien de montrer, et laisser même en suspens le déroulement de cette scène laissant fantasmer un spectateur devant son pauvre petit écran ou sur son siège en étant frustré de ne pas savoir ce dénouement.

Par la suite, je deviens soumis à toi et je n'oriente ma vie que pour toi. Je m'occupe même de tes pieds, endroit sans doute le moins attirant chez une femme. Cela montre également jusqu'où peut pousser l'irraisonné dans l'amour, bien que faire cela dans la réalité n'est pas forcement irraisonné je le conçois mais dans le film il faut l'analyser de cette manière.

LE RETOUR A LA REALITE, mais tu es si jeune, mais tu es si belle, si dynamique. Mais moi Homme je ne te laisserai pas t'épanouir TU E(R)S pour moi. Chose que beaucoup d'hommes effectuent malheureusement et que sans doute beaucoup de femmes souffrent et inversement. Stanley, tu nous offres une petite morale de ce que doit être un couple, notamment s'émanciper grâce à des vies distincte et non pas seulement par le biais d'une vie commune.

Ensuite, Stanley choisit de nous emmener dans le désert, " la fameuse longue traversée d'un désert". Et, oui à force de se laisser envahir par les sentiments et d'en oublier l'être, nous voilà dans une situation compliquée, en l’occurrence, la réalité. Redescendre sur Terre c'est parfois difficile surtout lorsque l'on voit tout ce que l'on croyait être notre vie s'écroulait du jour au lendemain. Dans cette scène on perçoit parfois qu'aimer c'est décider d'exister dans un autre monde pour oublier le quotidien souvent rébarbatif de notre réalité.

Je passe l'épilogue de ce film et l'histoire générale reposant sur l'intrigue d'une part car je ne suis pas persuadé d'avoir vraiment compris et d'autre part car j'ai assez Spoiler Lolita.

Vous aurez remarqué que je parle à la première personne parfois ou que je tutoie Kubrick ou que j'utilise la marque de possession envers Lolita. C'est que j'ai vraiment vécu l'aventure de cette oeuvre et que j'en suis tombé amoureux et non pas seulement de la Lolita.

Enfin, je comprends parfaitement ceux qui ne considèrent pas cette oeuvre comme l'un des chefs d’œuvres de Kubrick, mais moi c'est le film de Stanley qui m'a fait le plus entrer dans son monde à la fois très intelligent et toujours très subtile.
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le 12 avr. 2014

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