Le nombre de films consacrés à la situation tragique du Japon, dans l'immédiat après-guerre, ne manquent pas, notamment tournés dans les années 50, chez Kinoshita, Kobayashi ou Naruse, par exemple. L'ombre du feu de Shunya Tsukamoto témoigne que le traumatisme, alors que de nombreuses années ont passé, reste vif dans la mémoire collective. Une veuve et un orphelin, victimes collatérales, ainsi que deux anciens soldats, survivent à peine dans un film qui pourra être jugé aride dans sa première partie, avec une grande économie de mots et dans un lieu unique, alors qu'à proximité, dans les ruines de Tokyo, la vie reprend tant bien que mal. Plus loin dans L'ombre du feu une scène hallucinante dévoile mieux le propos de Tsukamoto à propos des ravages incommensurables dus aux atrocités de la guerre. Le cinéaste est un grand styliste et nombre de plans du film sont admirables mais ses partis-pris et le côté parfois énigmatique des comportements de ses personnages principaux, s'ils accentuent l'intérêt et compensent les longs moments de flottement, donnent parfois le sentiment que Tsukamoto cherche avant toute chose à impressionner son monde. Non qu'il soit insincère mais dans un geste artistique un peu trop conscient de ses effets.

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le 29 févr. 2024

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