Shinya Tsukamoto, avec son passé d’ex-cinéaste punk, continue d’explorer la voie d’un relatif classicisme en s’attaquant de nouveau à l’époque de la seconde guerre mondiale (sujet traité dans « Fires on the plain » sorti en 2014 ; pas vu pour ma part).

Ici nous nous situons juste après la fin du conflit et le cinéaste explore les traumas et conséquences en résultant.


Il réussit dans sa 1ère partie à se jouer des probables contraintes budgétaires en se limitant à une unité de lieu (la maison de la prostitué) et à une confrontation entre 3 personnages (la prostitué donc, un soldat démobilisé et un orphelin). Toutes les scènes avec cette sorte de famille recomposée et dysfonctionnelles sont réussies. On retrouve la folie et le sens visuel/sonore du réalisateur dans une poignée de séquences : les troubles mentaux du soldat

(qui perdra pied dans une séquence d’une grande brutalité envers l’enfant)

et la scène avec la maquette prenant la forme, au sein de la maison, d’une ville dévastée (écho évident à la bombe atomique).


Dommage que le concept et le point de vue singuliers ne soient pas tenu jusqu’au bout. En effet, à la moitié du long-métrage, le récit bifurque en sortant à l’extérieur et en adoptant la vision de l’enfant (là où nous suivions jusque-là le point de vue de la prostitué). Le rythme et l’intérêt se diluent alors (on ressent bien plus le côté cheap du film qui jongle avec quelques décors) et le propos devient lui légèrement confus.

Le but de Tsukamoto est-il de montrer les conséquences de la guerre et la violence à hauteur d’enfant ? Si c’est le cas, il se heurte à la comparaison avec d’autres œuvres plus illustres et réussies : par exemple « L’empire du soleil » de Spielberg, « Hope and Glory » de Boorman, « L'enfance d’Ivan » de Tarkovski ou bien l’incontournable « Requiem pour un massacre » de Klimov.

Doof-Warrior
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le 8 oct. 2025

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