Longlegs
5.9
Longlegs

Film de Oz Perkins (2024)

"Un film, ça peut pas être que des belles images." Je sais. Mais il y a des réalisateurs - Perkins, par exemple - pour qui je fais une exception. Car ce mec a un talent rare : celui de savoir créer des images puissantes à la fois belles et angoissantes.

"Longlegs" m'a laissée dans un état de sidération esthétique un peu équivalent à celui que j'ai ressenti à la sortie de "The Cell" de Tarsem Singh. J'avais vu un truc inédit esthétiquement et j'avoue que le scénario avait été le cadet de mes soucis.

Avec un bon directeur-photo, c'est facile de faire de belles images. Mais la beauté des images de "Longlegs" ne résulte pas seulement de la qualité de la photo. Perkins a un sens aigü des éclairages, des couleurs, du cadrage et de la géométrie. Mais ce qui rend les images et l'ambiance uniques, c'est l'angoisse et l'étrangeté du quotidien qui pervertissent la beauté picturale des images. Perkins filme les maisons et les quartiers pavillonnaires comme personne. Avec lui, une maison anodine en plan fixe vous file la chair de poule, sans raison apparente.

Je ne vais pas faire la liste de tous les plans somptueux du film, ce serait trop long. Ce serait plus rapide de lister les plans moches - et aucun ne me vient à l'esprit.

L'ambiance est celle d'un cauchemar feutré, en sourdine, doucement anxiogène. Du coup, les effets horrifiques et violents comme

Cage qui se fracasse soudainement le visage sur un bureau pendant son interrogatoire

ont un effet tétanisant qui va bien au-delà du jump scare. D'ailleurs, Perkins n'a que faire des jump scares. Son truc, c'est l'ambiance creepy, dérangeante, basée sur l'ombre, le silence et une bande sonore inquiétante.

Le film s'inspire ouvertement du "Silence des Agneaux" et de "Seven" pour l'ambiance et le scénario et ce n'est absolument pas gênant, car Perkins oriente ensuite son film vers le fantastique. Et le film se démarque aussi par son "méchant" grand-guignolesque et plus cauchemardesque que John Doe et Lecter. Ce qui compte, c'est qu'il fasse très peur et Longlegs remplit haut la main sa mission.

Certains sont déçus par le scénario parce qu'il bifurque vers le fantastique ou n'aboutit à rien. Perso, j'ai aimé cette histoire jusqu'au bout, même cette idée délirante des

poupées personnalisées "téléguidées" par sphère intracrânienne interposée pour pousser des familles à se massacrer.

Osgood Perkins a un sens esthétique indéniable et sait créer une atmosphère prenante et dérangeante. C'est assurément un cinéaste à suivre.


Mairrresse
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes La crème de l'horreur et de la terreur, Films vus au cinéma, Mes blu-ray, Vrais méchants et gros malades et Cauchemars

Créée

le 22 déc. 2024

Critique lue 8 fois

1 j'aime

Maîrrresse

Écrit par

Critique lue 8 fois

1

D'autres avis sur Longlegs

Longlegs
Behind_the_Mask
7

De quoi ne plus jamais fêter son anniversaire

S'il y a quelque chose d'évident à la sortie d'une séance de Longlegs, c'est que le film va forcément diviser. Car les cartésiens qui voulaient à tout prix y retrouver une filiation avec le...

le 16 juil. 2024

52 j'aime

1

Longlegs
VacherinProd
7

Le diable est juste là

C’est une petite habitude désormais sur ce compte, se lamenter des sorties horrifiques récentes, qui seraient sur un plan esthétique mais aussi comparatif des années passées, de moins grande qualité...

le 11 juil. 2024

29 j'aime

2

Longlegs
SvenLaTane
4

naître le bras-long...

Longlegs, réalisé par le FILS du célèbre Anthony Perkins, est doté d'une promotion et d'un marketing superbe ! Un teaser cryptique qui ne dévoile rien mais qui fait rêver à l'idée de découvrir les...

le 12 juil. 2024

21 j'aime

Du même critique

The Moor
Mairrresse
8

La lande de la moor

Je commencerai par la superbe affiche qui reflète bien, pour une fois, l'ambiance sombre et oppressante du film et qui surtout met bien en évidence son gros point fort, le paysage.Car c'est la lande...

le 1 févr. 2025

6 j'aime

Mandy
Mairrresse
9

La vie en mauve

J'ignore à quoi carbure le cerveau de Panos Cosmatos et je ne veux pas le savoir. Mais, ce qui compte, c'est qu'il continue de faire des films comme ça. A condition que ça ne nuise pas à sa santé,...

le 27 avr. 2025

6 j'aime

In a Violent Nature
Mairrresse
8

Z'avaient qu'à pas piquer mon collier !

Je ne suis ni fan ni spécialiste du slasher. Mais il y a plusieurs aspects vraiment intéressants dans ce film qui m'ont poussée à mettre cette note élevée que je ne m'attendais pas du tout à...

le 25 mai 2025

5 j'aime