Il est difficile d'utiliser les mots "crédible" ou "réaliste" dans une oeuvre de science-fiction. Parfois le film en fait trop, parfois non. Les cinéastes qui marchent en équilibre sur ce cable tendu sont en général encensés. Verhoeven, Nolan ou Aronofsky ont souvent des concepts extrèmes mais arrivent à ne jamais en faire trop. C'est délicat. Il y a un seuil à ne pas dépasser, et ce seuil est trés difficile à définir.

Disons qu'un couple de généticiens qui élève une entité femelle mi-humaine mi-animale dans une grange ça passe. Disons que si la bestiole grandit, est bien foutue et arrive à séduire et à coucher avec le scientifique, c'est trés limite, et c'est génial. Mais qu'une fois morte, la bête ressuscite, se fait pousser des ailes, devienne mâle, viole et mette enceinte la scientifique qui lui a servi de "mère", tout ça dans les dix dernières minutes d'un film de presque deux heures, là on peut dire que le seuil est franchi.

L'idée principale de Looper est excellente, est trés bien exploitée. Mais au milieu du film une idée annexe prend les devants et devient ridiculeusement importante et bien trop exagérée.

Imaginez qu'Indiana Jones soit resté à l'université pendant tout le film.
Imaginez que le Capitaine Crochet ait enlevé les enfants de Peter mais ait garé son bateau dans Londres.
Imaginez que Marty ait passé plusieurs jours en 1955 sans rencontrer personne qui ne mette en péril son présent.
Imaginez que Jake et Elwood ait retrouvé tout leur ancien groupe au même endroit.
Imaginez que Batman arrête le Joker dans la scène de la banque.
Imaginez que Gizmo n'ait jamais été mouillé.
Imaginez qu'Obiwan Kenobi ait vaincu Vader.

Je pourrais en trouver d'autres mais ça suffit. Si vous vous faites un idée du désastre que ces changements apportaient à ces films, vous avez une idée de Looper.

Super concept, excellents acteurs, réalisation propre. Mais un developpement poussif en plein milieu, qui enracine les personnages dans un lieu et une situation qui ne sont pas les plus porteurs ou les plus intéressants pour la trame. Dommage. Vraiment dommage.
Thomas_Lay
3
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le 23 juil. 2014

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Thomas Lay

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