Le cinéma argentin ne cesse d'étonner, notamment par sa liberté narrative, et si Los Delicuentes rappelle parfois Trenque Lauquen, il s'impose de manière originale et personnelle, nous excitant d'emblée par un braquage de banque en interne. Le film n'est pas un polar mais nous harponne d'entrée avec ses deux principaux personnages dont le sort nous importe. Le cinéaste argentin Rodrigo Moreno, dont on ne s'explique pas qu'il ait été jusqu'alors presque totalement inconnu, nous entraîne progressivement dans une épopée tranquille, qui tient même parfois du western ou du conte rohmérien, qui se caractérise d'abord par un humour très fin et des digressions délicieuses, auxquelles on se plie avec une certaine jubilation, même si, sur une longueur de 3 heures, le rythme s'alanguit parfois. Mais impossible de ne pas succomber à la malice d'un récit qui prend tout son temps, entre l'espace urbain de Buenos Aires, le quotidien d'une banque filmé de manière à ce que l'on perde tout repère temporel, et enfin la splendeur et l'innocence de la nature, quelque part du côté de Córdoba. Au fond, peu importe le sujet de Los Delincuentes, la liberté individuelle, voire le sens de nos vie modernes, c'est l'esprit du long-métrage, espiègle et mélancolique, et la façon dont il nous conduit hors des sentiers battus et attendus, qui nous transportent. Braquage et vagabondage vont ici de pair.

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le 1 juil. 2023

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Cinéphile doux

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