ATTENTION JE SPOILE BEAUCOUP
À première vue, il ne se passe pas grand chose dans Lost In Translation, le scénario n'a rien de vraiment complexe. Bob est un acteur américain en séjour à Tokyo afin de faire une publicité pour un whisky. Il va rencontrer Charlotte, également en séjour à Tokyo, qui accompagne son mari photographe. Pendant la majorité du film, les deux personnages vont alors passer du temps ensemble pour tuer l'ennui.
Ce qui est avant tout intéressant dans Lost In Translation, c'est la relation particulière entre Charlotte et Bob. Tous deux perdus dans un pays où ils ne comprennent ni la langue ni la culture, où ils ont du mal à s'adapter au décalage horaire, les deux personnages vont se rapprocher par leurs points communs. Ennuyés par la routine de leurs couples respectifs, ils vont très vite tomber amoureux l'un de l'autre. Le tour de force du film réside dans le fait que cette relation soit illustrée de manière implicite. Ici, pas de grandes envolées lyriques comme pourrait le faire d'autres films romantiques. Les personnages se cherchent, ils ont conscience qu'ils s'aiment mais s'empêchent de s'avouer les choses car ils savent qu'ils n'ont pas le droit d'entretenir cette relation, qu'elle ne pourra pas aboutir car ils sont tous les deux mariés et qu'ils devront se quitter dans peu de temps. Tout passe par des petits gestes, des petits regards, des moments de joie. Rien ne se concrétise vraiment, on a tout juste le droit à une petite caresse sur le pied, à un baiser à peine assumé au coin d'un ascenseur... Jusqu'à la scène finale où par un câlin d'adieu, ils s'avouent enfin tout, toute la pression du film est alors relâchée et les personnages se séparent à jamais, dans un Tokyo illuminé par la lumière de l'aurore.
Cette histoire simple à l'ambiance épurée est embellie par le cadre dans lequel elle se situe : la ville de Tokyo, resplendissante. On admire alors les lumières de la ville le soir, les temples japonais sous le soleil du matin, les petits détails du quotidien au Japon, et l'on est plongés dans la culture si particulière du pays. En effet, Lost In Translation présente un aspect esthétique particulièrement intéressant, où chaque plan est soigné pour un rendu très poétique, également entretenu par le choix des musiques.
Enfin, la force du film réside également dans le fait qu'il soit constitué de scènes marquantes, qui dégagent toutes quelque chose de particulier, et auxquels on ne peut s'empêcher de repenser après le visionnage du film. Chaque scène a son ambiance et son esthétique, qui la rendent unique, que ce soit par la poésie, la joie, l'émotion, l'humour qu'elle dégage.
Ainsi si l'histoire de Lost In Translation semble simple, le film arrive à transmettre des émotions fortes et à créer un rendu particulièrement poétique, par un travail esthétique et par la mise en place d'une relation unique entre les personnages.
(Cette analyse a été écrite dans le cadre de mon dossier pour l'option cinéma-audiovisuel du bac. Ce dossier développe le thème suivant : Un film doit-il forcément avoir pour but premier de raconter une histoire?)