Quand on paie une place de cinéma pour finalement aller voir un téléfilm, il y a quand même un moment où l’on se dit, pendant la séance, qu’on s’est bien fait avoir ou qu’on est vraiment con ou qu’on aurait pu rester chez soi pour continuer à mater The big bang theory. Et ce qui est sûr, c’est que Louise Wimmer n’est pas du cinéma (et encore moins du grand cinéma) ; on n’est pas dans les hauteurs ici, plutôt ras le bitume (ça tombe bien, Louise vit dans sa bagnole), sauf quand Louise, en transe sur le brûlant Sinner man de Nina Simone, se déchaîne face à la ville.

Pas transcendant, pas inventif, Cyril Mennegun cherche uniquement à capter un bout de réel sans vouloir aller plus loin, sans vouloir proposer, bousculer, happer. La perception, la captation de la réalité n’a jamais empêché d’avoir un putain de caractère, non ? Louise est femme de ménage, divorcée, la cinquantaine banale et n’a plus de maison. Elle galère, de parkings en bars, de bureaux sociaux en cafétérias, pour retrouver un peu de dignité, et surtout un appartement. Le quotidien filmé de Louise, sans suspens ni progression (juste les combines au jour le jour et, comme but à atteindre, un possible logement), donne dans l’épure, mais une épure qui semble davantage camoufler un manque d’originalité qu’une louable intention de faire modeste, naturaliste.

C’est terrible parce qu’on n’est pas pris dans le film, jamais ému par la situation précaire et difficile de Louise, pas concerné malgré les soucis, la dèche, les coups durs et les gestes simples qui deviennent les plus compliqués (s’habiller le matin, prendre une douche, se laver les dents, manger comme on peut…). Corinne Masiero a clairement un physique, une présence forte, un truc qui dégage, mais son jeu a quelque chose de monolithique, toujours dans le même registre, pas très loin de la plaque de marbre.

Du coup, on ne s’attache pas spécialement à Louise et à ses problèmes, pas parce qu’elle n’est pas aimable et tire tout le temps la gueule et clope comme une malade, mais parce que Louise est un personnage-bloc fait dans un seul et même matériau qui semble rejeter les aspérités, la nuance. Et s’il faut pouvoir se bouleverser de voir une femme, dans toute sa belle et simple majesté, lutter contre l’oubli, on retournera plutôt du côté de Manhattan où vagabonde sa Sue perdue et magnifique. Louise Wimmer, c’est du social qui ne tache pas, n’arrache rien, bien propre sur lui ; c’est un bout de crise donné en pâture aux bobos, et c’est plus que bof.
mymp
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le 30 nov. 2012

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