Appréciant le cinéma de Sono Sion depuis un bon moment, il me manquait toutefois la pierre angulaire de sa filmographie, "Love Exposure", une histoire d'amour de 4 heures... réalisée par Sono Sion. Huuuum.
A vrai dire, je redoutais un peu le visionnage, car on parlait très souvent de "liberté de ton" pour encenser le film. Or le dernier film rendu soi-disant génial par sa "liberté de ton" que j'ai vu fut "Mauvais Sang", étant justement un peu trop "libre" dans sa narration (voir ma critique des "Amants du Pont-Neuf" pour un avis plus approfondi).
Qualifier "Love Exposure" d'original est un euphémisme: c'est un délire de 4 heures, ultra-référentiel (génial coup d’œil à la série de la Femme Scorpion) et mettant constamment au défi sa propre inventivité. Malgré quelques scories (une réalisation occasionnellement approximative et une BO parfois répétitive), l'énergie du film est communicative, et une telle folie ne peut finir qu'à emporter l'adhésion.
J'ai également été surpris par sa légèreté globale: bien que non dénués d'humour noir, les deux volets suivants de la "Trilogie de la Haine" (Cold Fish et Guilty Of Romance) sont considérablement plus sombres. Sono Sion oblige, la violence et le sexe sont certes présents et parfois présentés de manière très radicale, mais on tombe rarement dans le sordide d'un Strange Circus (ce n'est pas non plus le but recherché).
Bien que trouvant les critiques dithyrambiques un peu excessives, vu que ce n'est pas le Sono Sion le plus abouti à mes yeux ("Cold Fish" méritant l'accolade), je comprends et partage l'enthousiasme: "Love Exposure" est une oeuvre singulière qui ne ressemble à pas grand chose de connu. Si Tarantino prenait des hallucinogènes et décidait de réaliser un teen movie au Japon, peut-être (et je dis bien peut-être) que ça rappellerait l'OFNI qui nous intéresse ici.