Je me suis demandé ce que visionner des petits bouts de films muets de 50 secondes, en noir et blanc, allait m’apporter. Il y a le côté « early photography » qui génère toujours de l’émotion quand on intègre que ces images ont été tournées en 1895, et après ? On a tous vu l’arrivée du train en gare de La Ciotat et la sortie des usines Lumière. Ces petits bouts de cinéma sont devenus des monuments historiques. Il faut toute l’intelligence de Thierry Fremaux pour nous faire traverser le miroir. Son commentaire rend la projection unique. C’est une véritable masterclass de cinéma à laquelle j’ai assisté. Imaginez : une centaine de petits films de moins d’une minute qui balayent tous les thèmes, la famille, les loisirs, les transports, les pays lointains : ils ouvrent une fenêtre sur le monde. Et puis, il y a la composition des images, l’organisation des plans, des mouvements, les débuts de la direction d’acteurs amateurs, les premiers gags. On a parfois le sentiment de voir s’animer des tableaux. La musique de Gabriel Fauré, qui fut contemporain de cette époque, ajoute une fine couche de mise en perspective aux images. Il faut également souligner l’excellence de la restauration technique qui avive les détails et « donne des couleurs » à ce noir et blanc sublime projeté à une vitesse réelle qui élimine le saccadé des projections de l’époque. La pédagogie de Frémaux rend cette masterclass unique. A mon avis, un film incontournable