Transposer à l'écran le style tout en délicatesse de Kazuo Ishiguro, ainsi que son talent à créer des architectures narratives complexes, n'est pas une mince affaire. James Ivory s'en était brillamment tiré avec Les Vestiges du jour, Kei Ishikawa n'y parvient qu'en partie dans Lumière pâle sur les collines. Pourtant, le cadre est soigné et l'aspect visuel peaufiné, du Nagasaki de 1952 au Londres de trois décennies plus tard, et les actrices qui détiennent les rôles principaux sont magnifiques et dignes des grandes interprètes de Mikio Naruse. Mais voilà, dans ce jeu de la mémoire se pose la question d'une narratrice peu fiable, procédé qui fonctionne beaucoup mieux en littérature qu'au cinéma. Les thèmes brassés par le film sont nombreux, trop sans doute, du traumatisme nucléaire du Japon dans l'immédiat après-guerre à la transmission familiale, en passant par les conflits générationnels. Le récit révèle la richesse et les failles des différents personnages, tous soumis aux vestiges d'un passé qui n'apparaît pas assez clairement pour nous toucher, la sophistication et la beauté des images du film s'opposant à une volontaire inextricabilité des liens qui unissent les protagonistes principaux d'une histoire qui veut trop embrasser pour finalement peu étreindre. Lumière pâle sur les collines est un objet splendide, mais un peu trop froid pour séduire autant qu'espéré.

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le 18 oct. 2025

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