En phase avec le mouvement hippie et l'infiltration de la contre-culture jusque dans le cinéma hollywoodien, Altman joue la carte de la contestation, de l'antimilitarisme, et de l'anticléricalisme, et rencontre avec "MASH" le succès critique et populaire. S'inscrivant dans la tradition des récits guerriers misant sur la truculence de la vie de garnison (disons dans la lignée Raoul Walsh), il insiste sur l'humour de carabin, les blagues sexuelles et les mauvais tours d'officiers indisciplinés et débraillés, dans une réjouissante surenchère d'hémoglobine et d'humour paillard. Pourtant, le film s'élève allègrement au-dessus de son propos blasphématoire, grâce à de passionnantes innovations formelles, combinant de très longs plans aux actions multiples avec un overlapping constant des dialogues (tout le monde parle en même temps, un peu comme chez Hawks), et installant un "brouillage du sens" assez jubilatoire, rendant compte parfaitement du chaos général. [Critique écrite en 1981]