Réalisé par Mari Okada, Maboroshi est un film japonais de fantasy dramatique qui mêle romance adolescente et récit de science-fiction. L’histoire se déroule dans une ville, coupée du reste du monde à la suite d’un mystérieux accident dans une aciérie. Des adolescents y vivent prisonniers d’une boucle temporelle étrange, tandis que des failles surnaturelles menacent leur réalité. Masamune, le protagoniste, tente de comprendre les lois de cet univers figé lorsqu’il rencontre une fille inconnue, qui semble liée au chaos ambiant.
Le film séduit d’abord par son apparence. L’animation traditionnelle est maîtrisée avec une minutie surprenante, le jeu de lumières sublime les décors et insuffle une ambiance éthérée au récit. Visuellement, chaque plan impose une identité forte, entre ruelles industrielles figées et déformations magiques de l’espace-temps. Le film s’enveloppe dans une atmosphère de mystère permanente, où l’apparition de failles entre les mondes crée une tension diffuse, renforcée par une composition musicale intéressante.
Mais cette richesse visuelle peine à masquer les lourdes faiblesses du scénario. L’action se retrouve rapidement enfermée dans une sorte de faux huis clos étouffant, limité au cadre spatial la ville, qui devient un décor contraignant plutôt qu’un terrain de jeu dramatique. Les personnages adolescents sont caricaturaux, enfermés dans des archétypes lassants. Le récit multiplie les zones d’ombre sans les éclaircir, laisse des arcs narratifs en suspens, et construit une progression erratique. Le film deviens frustrant en raison d'une avalanche de questions laissées en suspens, sans fil conducteur digne de ce nom. L’ensemble donne l’impression d’un puzzle complexe posé pour masquer un vide de fond. L’idée initiale reste sous-développée, empêchant toute résonance émotionnelle ou réflexion aboutie.
Malgré une patte visuelle indéniable et des ambitions artistiques respectables, Maboroshi échoue à bâtir une œuvre solide. L’expérience demeure trop nébuleuse pour convaincre, et trop bavarde pour émouvoir. Une coquille presque vide, à moitié sauvé par sa définition visuelle.