Ô rage, Ô désespoir...Ô déception.
Ça avait pourtant pas trop mal commencé, je dois dire. Les combats sur champ de bataille laissaient augurer une fresque épique, à l'esthétique à la croisée de Game of Thrones et de 300. Les ralentis, les lumières, le réalisme de la scène m'ont captivée...Ça n'a pas duré.
La magie pour moi s'est éteinte quand les dialogues ont démarré. Pourtant, j'ai étudié et lu Shakespeare avec passion à l'université, goûtant le génie et l'outrance de ce grand dramaturge qui n'avait rien à envier aux grands tragédiens antiques que furent Sophocle ou Euripide.
Autant le lire est un plaisir ineffable, autant s'enfiler des kilomètres de métaphores (souvent obscures, ne nous voilons pas la face) aux abords d'un champ de bataille, des kilomètres d'images verbales autour d'une scène d'action, pour moi ce n'est pas possible, ça ne marche pas du tout, l'ennui est immense et l'attention se perd. Ici, la littérature, dans une fresque qui se veut aussi flamboyante et tendue, dessert complètement l'histoire et son action. Ok, c'est avant tout un combat intérieur, une bataille de mots, mais ce langage, si éloigné de notre parler actuel, n'est pas parvenu à me toucher, m'a égarée, je ne savais plus à quel objet j'avais affaire, perdue entre les intentions du décor, des images et la difficulté du verbe.
Alors après, oui l'esthétique est léchée, mais enfin, une telle adaptation pouvait-elle en être autrement ? Encore que cela reste très classique et sans risque. Saluons tout de même décors et costumes, qui sont impressionnants. Et aussi Cotillard et Fassbender et leur capacité à mémoriser autant de répliques - là, clairement chapeau.
Je m'en tiendrai donc à mes Quarto Gallimard : Shakespeare gagne vraiment davantage à être lu qu'à être vu.