Mad Dog Morgan
6.5
Mad Dog Morgan

Film de Philippe Mora (1976)

"By all means, off with his head... and don't forget the scrotum."

5 ans après The Last Movie (1971) qu'il a lui-même réalisé, Dennis Hopper incarne le protagoniste de ce film peut-être encore plus barjot qui raconte l'histoire — voire même la légende — du plus célèbre bandit australien, Daniel "Mad Dog" Morgan, au milieu du XIXe siècle. Avec une réalisation aussi bordélique et brinquebalante, avec un traitement photo aussi peu probant, le centre de gravité du film de Philippe Mora se situe manifestement du côté de l'envers du décor, raconté en particulier dans le documentaire fourre-tout et malpoli Not quite Hollywood (2008) : c'est-à-dire, très clairement, les déboires de Hopper durant le tournage, tellement volontaire pour se mettre à la place d'un fou furieux qu'il commençait ses journées par de grosses rasades d'alcool et de grosses doses de drogue. Il se serait même pris une cuite sur la tombe du vrai Morgan avant d'être expulsé du pays... Il en résulte un portrait totalement halluciné de cet immigrant britannique venu faire (ou plutôt tenter de faire) fortune en Australie comme des milliers d'autres.


Sauf que le Mad Dog Morgan est un condensé de phénomènes erratiques, du n'importe quoi qui oscille entre des registres et des rythmes radicalement différents pour former un amas protéiforme ne ressemblant à pas grand-chose de connu. Parfois ridicule, parfois gênant, parfois tragique... Insaisissable, en tous cas, et pas uniquement à cause de la présence de Hopper alliée à celle de David Gulpilil alors assez jeune. Hopper bouffe la pellicule, c'est impressionnant, avec ses yeux de grand malade, un concentré de folie brute, à la fois drôle et inquiétant, un anti-héros par définition. Son passage en prison sera un sommet de troublant, marqué au fer rouge (au sens propre) et violé lors de son long séjour. Ce personnage de Robin des bois australien bénéficiant de la sympathie de la population pour ses attaques contre les propriétaires exploiteurs cristallise de profonds tourments, le long d'un parcours nihiliste, chaotique, et largement autodestructeur (à grand renfort de whisky et de cocaïne, bien évidemment).


http://je-mattarde.com/index.php?post/Mad-Dog-Morgan-de-Philippe-Mora-1976

Morrinson
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Mes Westerns, Top films 1976, Mon cinéma australien, Dernières bizarreries vues et Cinéphilie obsessionnelle — 2021

Créée

le 3 mars 2021

Critique lue 122 fois

Morrinson

Écrit par

Critique lue 122 fois

D'autres avis sur Mad Dog Morgan

Mad Dog Morgan
Fatpooper
7

La chasse au fou

Film plutôt intéressant. Je ne m'attendais pas à l'apprécier celui-là, je craignais un film trop maladroit, trop mou. Mais pour ma défense, j'ignorais qu'il s'agissait d'un film Australien. Cela ne...

le 20 nov. 2015

4 j'aime

8

Mad Dog Morgan
Boubakar
8

Doux, dur et dingue

A la moitié du XIXe siècle, Daniel Morgan, dit Mad Dog, est condamné aux travaux forcés durant plusieurs années à la suite d'un larcin. Une fois en liberté, il va s'allier à des aborigènes et devenir...

le 1 mai 2023

1 j'aime

Mad Dog Morgan
Heurt
5

L'Australie victorienne

Le parcours d'un dingue dans une Australie victorienne. Mad dog morgan est incarné par un Dennis Hopper qui a un gros point commun avec son personnage, le whisky. Les anecdotes de tournage sont...

le 28 janv. 2015

1 j'aime

Du même critique

Boyhood
Morrinson
5

Boyhood, chronique d'une désillusion

Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...

le 20 juil. 2014

142 j'aime

54

Birdman
Morrinson
5

Batman, évidemment

"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...

le 10 janv. 2015

138 j'aime

21

Her
Morrinson
9

Her

Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...

le 8 mars 2014

125 j'aime

11