FOLIE FURIOSA

" L' espoir est un leurre..." avertit Max Rockatansky.

Depuis "Le dôme du tonnerre", il aura fallu trente ans à George Miller pour réaliser (à mon humble avis) son opus magnum, car "Mad Max : Fury Road" dépasse de loin les trois précédents films, ainsi que toute sa filmographie. Oui, trente ans d'attentes frustrantes et d'espoirs déçus pour le fan que je suis, et finalement aboutir à cette suprême collision frontale orgasmique de métal et de taules broyées.
Ici, tout explose !! Les véhicules, les carcasses, les corps, la chair, les os...et surtout, les couleurs.
En effet, voulant totalement se différencier des autres films "Post-Nuke" aux teintes fades et blafardes, Miller accompagné de son directeur photo John Seale, nous offrent un chatoyant enfer haut en couleurs et en matières.
Et soudain...L'horreur devient sublime !!

" L' espoir est un leurre..." assène Max Rockatansky.

Bien sûr, les détracteurs en manque de critiques gratuites s'arrêteront devant ce qu'ils nommeront "une pauvreté scénaristique"...Mais qu'ils passent leur chemin, les faits sont là !! Le film est un succès publique et critique. Et si l'expérience à laquelle on assiste en vient à transcender le genre et rendre caduc la 3D qui est supposé l'appuyer, cela est dû au savoir faire d'un vieux routard australien qui n'a pas encore baissé les bras.
La filmographie de George Miller est bien entendu, loin d'atteindre celle de prestigieux confrères issue environ de la même génération tel que De Palma, Spielberg, Scorsese, Coppola, Friedkin ou même Carpenter. Mais en un seul film, l'australien fou arrive non seulement a rattraper son retard, mais a dépasser ces mêmes réalisateurs en manque de vitesse et d'idées, qui ont fini par sombrer dans les pièges de l'auto-contemplation. Le bougre en vient même a donner des leçons et a pulvériser les nouveaux venus issus du vidéo clip, dont la seul notion du spectaculaire réside dans des remakes de remakes ou d'interminables franchises lustrées tel que "Fast & Furious".

"L' espoir est un leurre..." tranche Max Rockatansky.

Il est possible que la déception effleure certains spectateurs qui, dans la première partie du film, verront en Max (interprété sobrement par Tom Hardy) un simple témoin entrainé malgré lui dans cette tourmente infernale.Cependant, je suis persuadé que cela reste un choix totalement assumé par le réalisateur dont la volonté est de briser des codes pré-établis sans cesse réutilisés et d'intensifier le lien entre le spectateur et le personnage principal, car tout comme lui, il se retrouve face à un monde qu'il ne reconnait plus. Et si, tout comme le titre l'indique, Max Rockatansky est fou, rongé de douleur par des fantômes appartenant à un passé qui n'existe plus, sa folie demeure humaine comparé à ce qui est à venir.
La subtilité de George Miller ne s'arrête pas là et va même encore plus loin. En effet, le réalisateur n'hésitera pas a estomper le rôle de Max en le plaçant aux côté du personnage d' Imperator Furiosa (magistralement interprété par Charlize Theron) qui du coup devient la véritable héroïne du film.
Et c'est dans un maelstrom de violence machiste et viril que Miller installe les véritables enjeux du film qui sont la féminité et la maternité face à la folie des hommes.

"L' espoir est un leurre..." prévient Max Rockatansky.

Finalement, l'héroïsme de Max résidera dans le fait qu'il est l'unique homme, secondé plus tard par le "djihadist war boy" Nux (interprété par Nicholas Hoult) a rejoindre le camp de ses malheureuses , en entamant une course effréné poursuivi par l'enfer, sur une route furieuse qui mène vers nulle part.

Quand à moi, je ne sais pas si j'ai survécu à l'apocalypse mécanique qui s'est déroulé sous mes yeux...mais une chose est sûr, tel un djihadist de la route, je peux dès à présent mourir mille morts!!
J'ai atteins le Walhalla... SOYEZ-EN TÉMOIN !!

"L' espoir est un leurre..." Vraiment ??