Avec Madea : Protection de témoins, Tyler Perry semble avoir atteint une sorte de point de non-retour dans son exploitation de l'iconique personnage de Madea. Le film, plutôt qu'un nouvel épisode savoureux, ressemble tristement à un recyclage paresseux d'idées déjà vues et bien mieux exécutées ailleurs. Ma note de 3/10 traduit une déception profonde face à un projet qui aurait pu – et dû – viser bien plus haut.
Dès les premières minutes, l'impression de déjà-vu domine : les situations absurdes s'enchaînent sans finesse, les dialogues s'enlisent dans un humour lourd et répétitif, et la dynamique de l'intrigue semble calquée sur des canevas usés jusqu'à la corde. Au lieu de renouveler son univers, Perry s’enferme dans une mécanique comique automatique, vidant peu à peu son film de toute vitalité.
Le principal problème réside dans l'absence totale de prise de risque. Tout ici paraît figé : la réalisation, fonctionnelle au mieux, fade au pire ; les personnages, réduits à des caricatures sans nuance ; l'humour, appuyé, poussif, répétitif. Là où Madea pouvait autrefois surprendre par son irrévérence et son franc-parler, elle devient ici une simple figure de cartoon, criarde et vidée de substance.
Pire encore, les rares tentatives d'émotion tombent à plat, desservies par une écriture superficielle incapable d’insuffler une véritable épaisseur aux personnages secondaires. La mécanique du gag incessant noie toute possibilité de construire un récit cohérent ou un propos un tant soit peu touchant. L’ensemble ressemble à un enchaînement de sketches ratés, sans liant ni souffle.
Cela dit, il serait injuste de nier l'énergie de Perry, qui continue de s'investir à corps perdu dans son projet. Mais force est de constater que cette énergie est ici mal canalisée, gaspillée dans une œuvre qui ne parvient jamais à dépasser le stade du produit de consommation rapide, sans ambition ni vision artistique.
En définitive, Madea : Protection de témoins illustre tristement ce qu'un personnage haut en couleur peut devenir lorsqu’il est usé jusqu'à la corde : un ersatz fatigué de lui-même. Pour un auteur aussi prolifique que Tyler Perry, cet essoufflement artistique est d'autant plus regrettable. À force de courir après des formules toutes faites, il oublie ce qui faisait jadis la force de Madea : l’authenticité, la subversion et l'humanité.