Le bonbon au miel de Woody Allen.
Au début du film, sur une scène de Berlin, se produit un magicien britannique déguisé en chinois. À partir de là, on sait que les frontières entre réalité et illusion risquent d'être brouillées.
Avec « Magic in the moonlight », Woody Allen nous présente un célèbre prestidigitateur, Wei Ling Soo, connu dans l'intimité sous le nom de Stanley Crawford : un Anglais arrogant et grognon qui ne supporte pas les soi-disant médiums prétendant prédire l'avenir. Malgré ses réticences, il se laisse convaincre par son fidèle ami Howard Burkan, magicien lui aussi d'aller dans le sud de la France pour tenter de confondre une soi-disant médium. Stanley se rend chez les Catledge qui possèdent une somptueuse propriété sur la Côte d'Azur et se fait passer pour un homme d'affaires, du nom de Stanley Taplinger, dans le but de démasquer la jeune et ravissante Sophie Baker.
Cette charmante Sophie Baker est interprétée par Emma Stone, qui incarne une héroïne rayonnante et solaire. (Emma Stone devrait partager l'affiche avec Joaquin Phoenix dans la prochaine réalisation de Woody Allen, j'en frémie d'avance.)
Colin Firth (qui selon moi aurait « La Classe » même habillé en sac poubelle) est quant à lui Stanley - choisissez le nom de famille qui vous plaira. Il campe à merveille le flegme britannique, doté d'un accent affuté et d'un verbe acéré. Son sens de la répartie n'a d'égale que son regard critique sur le monde qui l'entour. Le film constitue également une sorte d'auto critique, d'auto dérision de Woody Allen, car on ne peut s'empêcher de rapprocher le personnage de Colin Firth de son réalisateur. Bien sûr ici, le verbe est celui du réalisateur Woody Allen, qui signe des répliques qui claquent et tombent à pique, comme l'olive dans le Martini de James Bond. Le personnage joué par Colin Firth arbore un cynisme apparent. Ici Allen joue plus avec les mots qu'avec les émotions. On peut noter un contraste entre le pessimisme des dialogues et la lumière, la clarté formelle qui émane du film.
La photographie fait penser à celle d'anciens films. Darius Khondji, le directeur de la photographie, avoue s'être inspiré des photographies du français Jacques Henri Lartigue. Emma Stone est magnifiquement éclairée, ce qui fait ressortir sa beauté naturelle.
Le sous-titre de cette Fable en Provence pourrait être emprunté à une réplique du film de Xavier Dolan, « Mommy » : « Les sceptiques seront confondus ». Démasquer est le mot d'ordre ici vous l'aurez compris. Qui est qui, qui ou quoi se cache derrière les apparences ?
Sur fond de musique Jazz, de costumes d'époque et de lumière méditerranéenne, Woody nous offre un petit bonbon au miel. Je m'explique, « Magic in the moonlight » nous envoûte par sa douceur et sa chaleur. La seule véritable magie dans le monde pour Woody se révèle finalement être l'amour, pas si pessimiste que ça le papy.