Un film bien huilé pour des torses bien huilés

Tiens, ne serait-ce pas aujourd’hui la Saint-Valentin… fête des amoureux, célébration de l’amour, du couple, et tutti quanti… Alors quoi de mieux me direz-vous, pour attendre l’arrivée de sa douce et tendre en ce délicieux début de soirée, que de se plonger doucement dans une ambiance résolument romantique en admirant avec concupiscence de beaux jeunes hommes en string trémousser sur le dancefloor leurs abdos bien dessinés et leurs culs bien épilés ; ceci pendant que le micro-ondes fait tourner le plat Picard qui sera galamment servi à madame ce soir (et naturellement présenté comme « fait maison » – sans préciser laquelle toutefois).


Petit revisionnage donc de ce Magic Mike XXL – après celui du premier opus vendredi dernier –, afin de me remettre dans le bain avant la sortie du 3… qui j’espère ne tardera plus pour nous autres Français.


Vu à l’époque en salle, le film m’avait alors un peu déçu, et il est vrai après ce revisionnage qu’il est tout de même moins percutant que le film de Soderbergh… mais je serai tout de même moins sévère aujourd’hui.


Alors oui, soyons clair : ce deuxième volet souffre indéniablement de la comparaison avec le premier, dont le ton profondément amer derrière les paillettes des costumes ainsi que les deux personnages de Matthew McConaughey et du Kid – ainsi que leurs enjeux respectifs vis-à-vis de celui de Mike – manquent ici cruellement à l’appel (moins la photo jaune pisse, curieusement). L’absence de ces deux personnages phares profite naturellement aux quatre autres danseurs de la troupe, très en retrait dans le premier, et du coup largement plus présents ici… mais ne charriant hélas pour aucun d’entre eux le moindre enjeu intéressant... Même topo côté romance, qui voit le personnage assez touchant de Cody Horn dans le premier remplacé par une yeslife antipathique et bien plus quelconque jouée par Amber Heard (puis bon, Amber Heard en connasse finie, personne n’y croit, surtout).


Mais enfin ces comparaisons – en sa défaveur – mises à part, le spectacle reste tout de même largement assuré, ce Magic Mike XXL s’avérant pour le coup sensiblement plus généreux que son aîné en scènes de danse – par ailleurs plus variées –, dont une bonne moitié sont pour le coup vraiment excitantes (en toute hétérosexualité s'entend). Je pense notamment à toutes celles consécutives dans le club de Noirs bien solides (toujours en toute hétérosexualité – reste concentré).


Reste que l'on peine à croire que ce film puisse être écrit par le même scénariste que le premier, tant tout ce qu'il raconte entre ses numéros de danse est discordant du film de Soderbergh. Est-ce pour cette raison du coup que le S n'a pas souhaité réaliser cette suite ? Possible... mais alors pourquoi l'avoir non seulement produite, mais aussi shootée puis montée ? Etrange…


… parce que c’est dingue à quel point le film réussit l'exploit inverse de celui qu’accomplissait le premier opus – dont curieusement personne ne sortait égratigné, ni les danseurs ni leur public de filles en chaleur –, à savoir qu’il réussit à être dégradant à la fois pour les premiers et pour les secondes. C’est bien simple, les strip-teaseurs (pardon, les « male entertainers ») passent juste ici pour des morceaux de viande, superficiels si ce n’est légèrement débiles… quand les nanas passent elles carrément pour des animaux, complètement hystériques et débiles finies, mais à un niveau juste délirant. Alors je ne prétends pas être offensé (quoique je ne demande que ça), loin de moi l’idée de faire la morale, mais c’est juste marrant de constater le gap avec le premier opus sur ce point ; là, concrètement, tu sors des deux heures ce film, tu n’as envie que d’une chose, c’est de leur retirer illico le droit de vote. Et c’est d’autant plus ironique que le film te balance tout un discours sur l’empouvoirement féminin blabla l’écoute de ses désirs blabla avec le personnage de Jada Pinkett Smith… alors qu’il tape en fait complètement à côté.


Mais bon, du coup c’est marrant. N’empêche que ça plombe le film en comparaison avec le premier.


Je reste évidemment chaud bouillant pour le 3, puisque Soderbergh revient à la mise en scène.


N’empêche que c’est con de la part du distributeur français d’avoir loupé le coche de la Saint-Valentin pour nous le sortir.

ServalReturns
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le 14 févr. 2023

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