L'énorme succès de L'Inspecteur Harry en 1971 appelait une sorte de suite réutilisant le même personnage devenu emblématique de Harry Callahan. Accusé par certains d'avoir défendu des thèses plus ou moins réactionnaires, Clint Eastwood semble s'être dédouané en produisant Magnum Force via sa boite de prod Malpaso, où il dénonce une police qui tente d'appliquer sa propre loi, puisque qu'il est confronté à un groupe de policiers qui ont entrepris d'exécuter des criminels ayant échappé à la loi. Cette situation peut surprendre au premier abord quand on connait les méthodes radicales de Callahan qui pose le problème de la police face à la légalité et à l'ordre quand il faut obtenir des résultats probants et immédiats. Mais Callahan va s'opposer à ces flics car même s'il use de méthodes musclées, c'est fondamentalement un légaliste. Le scénario écrit par John Milius et Michael Cimino est plus subtil qu'il n'en a l'air.
Le réalisateur Ted Post, venu de la télévision où il a réalisé de nombreux épisodes de séries, prend la relève de Don Siegel retenu sur un autre tournage ; il a été choisi par Clint pour le diriger parce qu'il avait déjà tourné sous sa direction le western Pendez-les haut et court. On sent que Clint a envie de taquiner un peu la mise en scène, il venait de réaliser son premier film, Un frisson dans la nuit, et ici, il a exigé un droit de regard sur le scénario et sur le montage final.
Malgré ces contraintes de "yes man", Ted Post réalise avec efficacité ce polar rythmé et musclé qui permet à Clint de bâtir encore mieux la mythologie de son personnage toujours opposé à sa hiérarchie (ici, le lieutenant incarné par Hal Holbrook) et de l'autre vedette du film, son célèbre Magnum 44, d'ailleurs, l'intro avant le générique cale en très gros plan l'arme de Harry qui se retourne face à la caméra, tandis que la voix off de Clint débite un monologue significatif : Ceci est un 44 Magnum, le revolver le plus puissant du monde, il pourrait vous arracher la tête comme le vent soulève votre chapeau. Vous vous sentez à votre aise ?.
Bref, c'est du cousu main pour la star, avec de l'action, du suspense, de la violence propre aux polars des 70's, et une pointe d'humour cynique, le tout sur la musique virile de Lalo Schifrin, on y reconnait aussi 2 jeunes acteurs débutants qui feront parler d'eux dans leurs séries respectives : David Soul et Robert Urich.

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le 29 sept. 2017

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Ugly

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