Massimo Dallamano a en fait conçu une trilogie de gialli ayant pour thème la perdition sexuelle des lycéennes, et leur déconnexion avec l'autorité parentale ou systémique qui cherche à les régir.
Le premier, et le plus célèbre, est ce "Cosa avete fatto a Solange?", production italo-allemande tournée à Londres. Où l'amante d'un professeur de lycée privé est témoin d'un meurtre sordide alors que les tourtereaux batifolent. Le hic est que l'amante en question est une élève du même établissement !
Suivront "La polizia chiede aiuto", un mélange incongru mais réussi entre giallo et poliziottesco. Puis "Enigma Rosso", que Massimo Dallamano scénarisera mais ne réalisera pas, décédant prématurément d'un accident de voiture...
"Cosa avete fatto a Solange?" dispose d'un jolie réputation, pourtant à mon premier visionnage je l'avais trouvé intéressant, sans non plus le hisser dans le haut du panier du genre. J'ai eu l'occasion de le revoir dans une belle copie restaurée, qui m'a permis de légèrement le réévaluer à la hausse.
En vérité, c'est un giallo plus long que la moyenne : environ 1h45, là où le genre dépasse rarement 1h30. Et cela s'en ressent, l'ensemble comportant quelques longueurs dans l'acte central. Il faut aussi avaler les couleuvres du genre, par exemple ces jeunes filles qui ne semblent pas trop se préoccuper de la mort de leurs camarades ("mais oui, je file dans la nuit suite à un coup de fil chelou !").
Par ailleurs, la mise en scène reste globalement sage... tout en proposant quelques fulgurances bienvenues. Par exemple, peu de scènes sanglantes, mais le concept des meurtres (des femmes "violées" par des couteaux) reste terrifiant. Avec les effets d'éclairage propre au genre, dont ces lames luisantes et cet assassin ganté.
Beaucoup de scènes de dialogues très sobres, mais quelques grands angles bien baroques, quelques effets de montage bien vus lorsque l'une des jeunes femmes cauchemarde. Et une séquence finale de flash-back courte intense, donnant l'explication des assassinats. Evidemment, les (a)mateurs se rinceront aussi l'oeil sur les nombreuses scènes de nu avec les jeunes filles...
Avec en prime une musique d'Ennio Morricone. Et une thématique assez osée, critiquant la rigidité du système scolaire privé ou de l'église (l'assassin portant une soutane !). Et abordant un sujet particulièrement sensible à l'époque...
l'avortement.
Ce dernier point donnant à ce giallo un statut il est vrai particulier.