Malavita : Donnez moi 30 000 000$...
Imaginons :
- J'ai lu Malavita, le livre de Tonino Benacquista.
- Evidemment, je l'ai trouvé génial. Evidemment, je me dis que le mettre en image, en faire un film, rendre compte de l'ambiance du livre, du jeu sur les clichés franco-américains, sur les flashbacks, de sa fin explosive, serait une gageure mais aussi un vrai moteur artistique pour créer un film vraiment hors du commun! Car Malavita de Benacquista est une manne, un terreau extrêmement riche dans lequel je pourrai planter les graines d'un excellent film, et faire part au public de plein d'idées en terme de mise en scène... en somme, de créer un film original, une vraie belle adaptation...!
- Imaginons... Europacorp me propose tout net les 30 000 000$ qu'a coûté le film...
Quel film je ferais!
Quel film... n'a pas fait Luc Besson!
Plutôt que de passer le temps à chercher une véritable esthétique, le réalisateur donne à voir du simple, bête et méchant ; on a la désagréable impression que le film est fait à la va-vite : il faut qu'il rapporte, mais il ne faut pas qu'il coûte, ni en argent (le minimum de violence gratuite syndical), ni en temps, ni en énergie. Le casting suffira bien à faire venir le public! Le seul intérêt réside dans le scénario (merci Benacquista) et dans les transitions entre certains plans, certaines séquences, amusantes (d'un coup de marteau bien placé au doigt s'écrasant sur la machine à écrire).
Aucune prise de risque dans ce film, surtout pas, à en juger ne serait-ce que par la fin finalement gentillette, édulcorée par rapport au livre, des brutes en impair, quelques pétarades, un petit coup de bazooka, une micro-course-poursuite-wouhaou-quel-suspens, scènes auxquelles le spectateur est pourtant habitué depuis les années... 1990! Dommage, car tout cela gâche les quelques bonnes idées du film! De Niro n'est pas convaincant, faisant dans l'alimentaire, il ne parvient pas à rendre les sentiments paradoxaux qu'éprouve le personnage de Fred-Giovanni (mais peut-être la mise en scène du film ne lui a pas permis! Je ne lui jette pas la pierre... Parce que c'est de Niro)!
Par contre, on n'a pas d'idées originales, d'accord, mais ne nous privons pas : rajoutons du niais, du mièvre, du quiche ( cf. notamment la désastreuse amourhistoriette prof-élève à laquelle personne n'adhère concernant Belle et son joli prof de maths remplaçant un peu coincé, beau gosse barbu travailleur timide salaud qui s'ignore ( tout ça à la fois : "oups, t'étais vierge?! Zut! Mais notre amour est impossible, enfin, Belle, y'a du civet de lapin qui m'attend à table ; à bientôt."), - Ahhh ces profs remplaçants!! Lamentable! - rassurez-vous, tout cela n'est pas dans le livre!)
Et rassurez-vous encore, la police ne coffre pas le prof de maths pour détournement de mineur...
Mais on pourrait coffrer Besson, tiens : Détournement de livre majeur pour un film mineur !
Allez, 4,5/10, je fais grâce, parce qu'on ne pense pas à regarder sa montre, et que T. Lee Jones est là...
