Malcolm & Marie
6.7
Malcolm & Marie

Film de Sam Levinson (2021)

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Huis-clos, noir et blanc, 2 acteurs incarnant 1 couple débattant de leur relation et du cinéma, pour le meilleur et pour le pire.


Et quels acteurs ! Pour l'amoureux des dialogues riches que je suis, c'est une mine d'or.


Le film questionne aussi bien la politisation forcée des oeuvres cinématographiques aux yeux de la critique que l'importance de l'authenticité: est-ce qu'un artiste ne peut et ne doit raconter que son expérience personnelle ou a-t-il plutôt pour rôle de traduire sa source d'inspiration en émotions pour le spectateur, qu'importe son matériau d'origine ?


Ça parle beaucoup de cinéma pour la bonne raison que Malcolm, ici brillamment interprété par John David Washington, est cinéaste, fraîchement récompensé, gagnant enfin la reconnaissance de la profession. Sa compagne, accueille la nouvelle avec une certaine désillusion qui sera le point de départ de leur "longue nuit passionnée".


Malcolm & Marie explore le fonctionnement d'un couple sous divers angles, son origine et ce que chacun apporte à l'autre. Ils s'attarde aussi beaucoup sur le cinéma et ce qu'il est sensé montrer et éveiller chez le spectateur. Enfin, il attaque également les critiques biaisées qui veulent voir à travers un film ce qui n'a jamais été dans l'intention de son auteur.


Malcolm & Marie n'épargne pas non plus ses deux heros, car l'un se charge à chaque prise de parole de remettre l'autre face à ses propres contradictions. Leurs joutes verbales prennent parfois des airs de battle hip-hop tant chacun revient à la charge avec une agressivité qui fait peur à plus d'une reprise: chaque fois que l'un répond, avec un délai plus ou moins long, la violence des propos semble monter d'un cran et on redoute qu'ils en viennent aux mains.


Et malgré tout on sent que l'un est profondément attaché à l'autre.
Ce jeu d'équilibriste permanent fait la force du long-métrage. Ce n'est heureusement pas tout, car Sam Levinson est aux commandes, et ça se sent aussi bien narrativement que visuellement.


En dehors de son noir et blanc classieux, le jeune réalisateur multiplie les plans inventifs, rappelant encore une fois qu'il est plus qu'un "fils de ...", n'hesitant pas à faire tarder les cut, pour appuyer son récit. Mélomane évident, il laisse aussi à plusieurs reprises la musique combler l'absence de dialogues, comme pour mieux digérer les propos souvent virulents que vient de tenir Malcolm ou Marie, nous plongeant véritablement en immersion dans leurs personnages. Chaque phrase blessante, chaque reproche mais aussi chaque déclaration d'amour plus ou moins maladroite, on l'assimile avec eux, à mesure que le film progresse.


Tout n'est pas parfait bien sûr et j'ai beau adorer le duo d'acteur, ils ont chacun certains tics qui me sortent un peu de l'intrigue comme quand Zendaya marmone à voix aigue, mais je conçois que tous n'auront pas la même perception.


Et c'est vraiment un minuscule détail dans cette oeuvre qui m'a beaucoup plu.


Une belle claque, ma première de cette année.

Créée

le 14 févr. 2021

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