Pâtes à la carbonara
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le 6 févr. 2021
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Un couple rentre chez lui, dans une somptueuse villa californienne. La soirée est déjà bien entamée. Lui parade : Malcolm est un jeune cinéaste et la première de son nouveau film plaît au tout Hollywood. Elle, sa muse, sa compagne, ne parle pas. Elle écoute, fatiguée, fume une cigarette, prépare des pâtes à son compagnon. Une fin de soirée comme une autre. Et surtout, les prémices de ce qui va être pendant deux heures durant une fascinante partie de ping-pong verbal, un duel d'amour-haine et un exercice de style rappelant le cinéma de John Cassavetes ou Mike Nichols. Malcolm et Marie est un film paradoxalement lent. Il prend le temps d'installer le duo pour mieux décrire son état d'esprit et la personnalité des protagonistes et s'approprier le décor de ce ring de boxe sentimental.
Si la violence des sentiments de ce couple à la limite de la toxicité est vertigineuse, c'est aussi parce qu'elle est l'occasion d'aborder au cours des riches dialogues de ce film bien d'autres sujets : l'art et la critique, la place des minorités dans le cinéma, le processus de création... Le tout dans une écriture maîtrisée et sublimée par deux acteurs monstrueux.
Quiconque a vu la série Euphoria sait le talent de Zendaya. Il explose littéralement dans Malcolm et Marie et confirme tout le charisme et le potentiel de l'actrice, capable de jouer tant sur la fragilité de son personnage que sur sa domination sur celui de John David Washington. Ce dernier n'est pas en reste et donne avec brio corps à un personnage excessif et outrancier, servi par quelques monologues particulièrement piquants.
A l'inverse d'Euphoria et de son univers clipesque, pop, coloré et stylisé, Sam Levinson joue le minimalisme et le formalisme avec un noir et blanc élégant, de nombreux cadrages frontaux et plans séquences millimétrés. Sublime.
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le 17 févr. 2021
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