Entre sombreur étouffante et clarté reluisante

Maléfique est un film qui ne me laissait ni chaud ni froid. Si l'on me le vendait souvent bien, ses thèmes, son actrice, son univers ne m'attiraient guère. Pas forcément très impatient de le voir, je me suis néanmoins lancé dans l'expérience, sans vraiment savoir sur quoi j'allais tomber. Laissez moi donc vous dire que c'était loin d'être mauvais.

Sympathique à plus d'un titre, le film détend autant qu'il divertit, laissant un agréable souvenir dans l'esprit du spectateur. S'il n'est pas un chef-d'oeuvre du genre, Maléfique aura au moins le mérite de divertir son spectateur sans le prendre pour un idiot congénital. De cela, peu peuvent s'en targuer.

Seulement, le film est imparfait. Dans un premier temps, c'est sa mise en scène qui gêne. Peu originale, elle ne fait jamais preuve d'une réelle personnalité. Fade et convenu, le travail de réalisation m'a gêné dans son traitement de l'image, qui ne cesse de refouler l'abus de numérique raté. Car les effets spéciaux seront globalement plutôt bons, il y a quelque chose dans les cadrages qui sonne faux. Ca sonne toc, ça sonne tac, tic, la mauvaise tac tic pour faire un bon film.

Et c'est dommage, parce que le film jouit d'un réel travail d'atmosphère. Outre ses acteurs convaincants ( Angelina Jolie s'avère, comme à son habitude, vraiment très bonne ) et son histoire intéressante ( qui prend un parti prix un tant soit peu original ), Maléfique travaille surtout l'inversion des rôles, supprime le manichéisme des contes de fées.

Il y a toujours cette recherche, cette volonté de ne pas tomber dans la facilité et la banalité ( fait d'autant plus surprenant que la mise en scène ultra-calibrée n'y échappe guère ), de toujours se situer sur le fil du rasoir, à la croisée des genres et des publics. Ici, ce sera pour les gosses, là bas pour les adultes. Aussi vrai que le jour cède sa place à la nuit, Maléfique sait alterner les moments les plus niais avec les passages les plus sombres.

Un habile conglomérat des genres que celui-ci, un mélange de rêverie pour gosses et d'heroïc-fantasy type Seigneur des anneaux pour les moins jeunes. Dans un genre surchargé par les bons sentiments mielleux et des valeurs moralisatrices toutes identiques, le film tient un rôle de rafraichissement, de souffle nouveau. Il apporte du sang neuf, de la chair fraiche à grands coups de violence inattendue. C'est agréable, autant à l'oeil qu'à l'oreille, et le temps passe très vite. Que demander de plus?