Malgré le fait que Mama soit réalisé par un argentin, que son action se déroule exclusivement aux USA et que le casting soit anglo-saxon, il s’agit d’une œuvre dans la droite ligne de la nouvelle vague de l’épouvante espagnole dignement représentée par des films tels que l’Orphelinat, Les Autres ou encore le Labyrinthe de Pan. On retrouve d’ailleurs Guillermo Del Toro à la production, dont la patte est clairement imprimée sur Mama et donc plus que perceptible.
Le synopsis réunit tous les ingrédients nécessaires à la réalisation d’un bon film d’épouvante. Deux petites filles, abandonnées par un père psychopathe se retrouvent livrées à elles-mêmes pendant 5 ans dans une cabane abandonnée dans les bois. Lorsque leur oncle les retrouve et décide de les adopter, il se rend bien vite compte que le traumatisme qu’elles ont vécu de par l’abandon, n’est pas la seule épreuve qu’ils auront à surpasser ensemble. Comment ces fillettes ont-elles pu survivre toutes seules, n’ont-elles pas été aidées par quelqu’un ou quelque-chose ? Cette Mama auxquelles elles se réfèrent souvent et qui semble encore venir leur rendre visite dans leur nouvelle vie ? Bref, tout est là : les enfants perturbés et inquiétants qui semblent connectés à des forces qu’ils ne maîtrisent pas (Shining, Le Village des Damnés…), la grande maison dans laquelle on vient d’emménager et de laquelle on ne connait pas tous les recoins (Paranormal Activity), le coma d’un des personnages (Insidious…)… On a donc là un cocktail savamment dosé de toutes les peurs qui nourrissent le cinéma d’horreur. Savamment dosé car, alors que décrit telle quelle, cette recette pourrait paraître indigeste, il n’en est rien. Le scénario se tient et la mayonnaise prend, ces éléments conjugués donnent une nouvelle saveur qui va au-delà de la simple accumulation d’ingrédients.
Côté mise en scène, cela reste malheureusement beaucoup plus classique et moins audacieux. Alors qu’on attendait la poésie qui caractérise la nouvelle tendance des films de genre espagnols, on ne l’aperçoit réellement que lors de la scène finale, limite burtoniennne. Andrés Muschietti ne s’épargne pas les clichés du genre : long plan séquence, petite musique qui fait peur, plans rapprochés sur les personnages et d’un coup, apparition d’une ombre accompagnée d’un son soudain qui fait sursauter. Ok, c’est efficace, mais on attend réellement le prochain film d’horreur qui saura nous faire frissonner sans avoir besoin de recourir à ce type d’effet, de manière systématique.
Mis à part ses quelques défauts, on peut tout de même affirmer que l’entreprise de Mama est réussie. Le film fait peur, n’est pas totalement dépourvu de cette pointe d’onirisme poétique si typique des films de genre espagnol et traite les émotions et sentiments de manière beaucoup plus subtile que dans la plupart des films d’épouvante.
Mention spéciale tout de même au casting car c’est toujours un plaisir de retrouver Jessica Chastaing, décidemment une des grandes actrices de ce début des années 2010 et où l’on aperçoit le cruel Jaime Lannister de Game of Thrones dans un rôle de bon père de famille, surprenant.
A l'heure des bilans de fin d'année, où les prometteurs "You're Next" et "Conjuring", figurant comme les seuls représentants de la cuvée films de genre de 2013, n'avaient pas combler toutes nos éspérances, Mama vient représenter dignement sa catégorie et s'inscrit peut-être comme le meilleur film d'épouvante de cette année.

BasileRambaud
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le 6 sept. 2015

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Basile Rambaud

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