Je ne sais même pas comment j'ai fait pour être déçu de ce Man of Steel, sachant que pour qu'il y ait déception il faut qu'il y ait attente. Certes, ça peut justifier par le fait que je n'avais lu aucune critique dessus si ce n'est les avis de mes followings Twitter qui étaient plutôt positifs. Mais quand même, les divers affiches et posters promotionnels auraient dû me mettre la puce à l'oreille. Il y avait du potentiel, ça se sent, mais il semblerait qu'une certaine attention ait été portée au fait de gâcher tout ce qui aurait pu être réussi.


Le film commençait plutôt bien avec une Krypton et ses habitants dans un style très science-fiction, cette partie étant largement la meilleure du film à mon goût. La version française n'est pas si dégueulasse, pour une fois. C'est plutôt très joli, on est rapidement plongés dedans, l'ambiance est réussie. Jor-El est assez charismatique et plutôt cool. Le général Zod montre sa sale gueule, on commence à avoir peur. Et jamais dans le film on ne finit de se demander comment c'est possible que ça devienne de pire en pire au fil des minutes.


Cette pensée survient très rapidement, ne serait-ce qu'à la première transition, celle entre la dernière scène sur Krypton et la première sur Terre. L'ellipse de 33 ans aurait totalement pu se justifier par la narration du film et ce qui a été fait au niveau des flashbacks. En effet, on y voit Clark sauver des hommes puis repenser à son enfance au fond de l'eau, puis encore une fois pendant qu'il traverse une ville. J'aurais totalement accroché si le film s'était présenté sous la forme d'une marche silencieuse d'un Clark Kent, "retraité" de son rôle de Superman, repensant à sa vie de super-héros et si toute l'action s'était déroulée sous forme de flashbacks découlant de ça. A vrai dire, je croyais que le film allait être comme ça lorsque le premier flashback est survenu, mais non. A la place, on a des flashbacks qui surviennent n'importe quand sans être tout le temps pertinents. La narration fait brouillon et, en plus de cela, les histoires racontées ne sont pas forcément intéressantes alors qu'elles auraient pu retracer l'enfance de Clark en posant les bonnes questions. A la place, on a seulement un Clark Kent de 9 ans et un de 13, les deux étant rejetés par les autres et se demandant "pk jsuis différent", "pk ils sont méchants", "pk jpeux pas le dire", "maman pk la vi" sans arrêt. Le tout est fortement accentué par les transitions totalement ratées, perdant sans arrêt le spectateur. Il n'y a pas de repères temporels, le film semble se dérouler sur une seule journée et les personnages se téléportent d'un lieu à l'autre sans arrêt et parfois sans justification, donnant l'impression que des scènes ont été oubliées.


De par son costume aux couleurs plutôt flashy et son port du slip (mais pas dans ce film), Superman est l'hipster du monde des super-héros, sans parler du style vestimentaire de Clark Kent. Ici, une dimension plus dramatique et sombre lui a été donnée, à l'image de Batman dans la trilogie de Nolan. Malheureusement c'est loin d'être réussi et, si c'est en partie dû à la nature niaise du personnage de Superman, ce côté sombre est détruit scène après scène. On passe d'un Clark Kent invisible, vivant en sorte de fantôme protégeant les humains partout où il passe tout en cachant son identité à un sauveur sans réelle motivation ni justification à ses actes si ce n'est qu'il incarne l'espoir parce qu'une projection de son papa lui a dit. Quel intérêt de faire des flashbacks où Clark est rejeté par les autres enfants, où ceux-ci se moquent de lui et tentent de l'agresser ou encore où il reste impuissant face à des détritus humains si c'est pour lui donner une confiance aveugle et naïve en l'humanité quelques scènes plus tard ? Et quitte à se poser en sauveur de l'humanité, il pourrait le faire bien et éviter de tuer la moitié de l'espèce humaine et de détruire leurs villes quand il se bat. Mais ce qui achève le plus le personnage et ce qui avait commencé à être construit, c'est bien les scènes dignes d'un teen show. Et surtout Superman qui balance un "je viens du Kansas, plus ricain que moi tu meurs !" dans une scène atroce ne faisant que renforcer l'envie d'arriver à la fin.


Mais si le personnage principal du film est raté, les personnages secondaires ne sont pas en reste non plus. Les parents adoptifs de Clark ne sont jamais développés, même si Jonathan écope d'une des morts les plus ridicules de l'histoire des films de super-héros. Lois Lane est dépeinte comme une cruche, stupide au possible, et tellement insupportable qu'on souhaiterait presque sa mort. Les relations entre les personnages sont superficielles et le développement de celles-ci est plutôt inexistant. L'enchaînement de la rencontre entre Lois et Clark, leur amitié puis leur amour est assez bâclé et fait peu de sens.


Le film est très lent, interminable même. On croit à chaque fin de scène que c'est enfin fini, on espère, mais non toujours pas. C'est déjà très long (2h30), mais en plus ça se paie le luxe de paraître au moins deux fois plus long. Les scènes d'action sont tout autant interminables et à rallonge. La surenchère règne, il y a de la destruction de masse et des explosions dans tous les sens, le tout saupoudré de flous un peu partout et de dubstep très forte qui fait mal à la tête et boum boum boum tout le temps.


Le scénario est plein d'incohérences qui gâchent complètement toute tentative d'immersion. "C'est diffusé par flux RSS" balance Lois, sûre d'elle, lorsque les Kryptoniens font leur annonce à la Terre. D'ailleurs, ceux-ci parlent toutes les langues de la planète et ont un anglais parfait. Oh et puis, les pouvoirs de Clark ont mis 33 ans à se découvrir un à un et à être maîtrisés, ils se découvrent tous à Zod en quelques minutes et il les maîtrise aussi rapidement "parce que c'est un soldat". Kal-El ne peut pas respirer l'air Kryptonien parce qu'il est trop habitué à l'air de la Terre et s'effondre en quelques secondes, certes. Mais alors comment il fait pour se promener dans l'espace sans rien subir ?


Bon, au moins, il y avait une référence à Doctor Who, je ne me suis pas déplacé pour rien.

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le 3 juil. 2013

Modifiée

le 4 juil. 2013

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Ripper-

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