Quand le temps semble s'arrêter...

Les films en provenance de Géorgie et d'Estonie doivent se compter sur les doigts d'une main dans nos contrées tant ceux-ci se font rares. Mandarines est donc une belle occasion de découvrir un cinéma totalement méconnu par chez nous et l'occasion est d'autant plus belle que l'oeuvre est remplie de qualités.


Mandarines revient sur le conflit en Abkhazie. Nous sommes en 1990 et un Estonien fabrique des caisses afin que son voisin qui cultive des mandarines puisse les vendre. Et un beau jour, la guerre les rattrape d'une certaine façon. Notre constructeur de caisses, Ivo, récupère deux soldats ennemis blessés et les soignent.


L'oeuvre est franchement intemporelle, très lente dans son déroulé. Comme Ivo et son acolyte, le film semble être hors du temps. On prend le temps de montrer les choses, de manière presque délicate. On accompagne Ivo dans ses marches, dans son travail à l'atelier, dans les différents soins mais aussi au sein de la culture des mandarines.


La photographie est épurée mais travaillée. Le film est pourtant constamment en mouvement grâce à une caméra qui ne s'arrête presque jamais de bouger hormis lors de certaines conversations où l'on revient dans des plans fixes. Pour le reste, le travelling est bien présent. On sent l'héritage culturel d'un cinéma soviétique d'autrefois. C'est vraiment loin de me déplaire.


L'oeuvre est évidemment profondément humaniste. Les deux ennemis vont apprendre à s'apprivoiser, se connaître, à oublier leurs inimitiés. Mais la réalité de la guerre ne sera jamais bien loin. On notera aussi que beaucoup de séquences sont désamorcées par les répliques cinglantes et humoristiques du personnage qu'est Ivo.


Enfin, le film est magnifiquement porté par un casting impeccable. Pas étonnant que Mandarines ait, justement, concouru à l'Oscar du Meilleur film en langue étrangère.

batman1985
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Une année de cinéma - 2019

Créée

le 30 janv. 2019

Critique lue 286 fois

1 j'aime

3 commentaires

batman1985

Écrit par

Critique lue 286 fois

1
3

D'autres avis sur Mandarines

Mandarines
limma
8

Critique de Mandarines par limma

Le cinéaste opte pour la sobriété et pour une histoire d’homme dans un paysage saccagé par la guerre. Le conflit de 1992 entre séparatistes Abkhazis appuyés par la Russie et les Géorgiens, a poussé...

le 19 déc. 2016

16 j'aime

16

Mandarines
Morrinson
6

Joint Eurasie Area

En voilà une bonne surprise venue de nulle part... Il n'y a rien de transcendantal en soi, mais il y a certaines choses qui sont toujours bonnes à être redites, dans d'autres contextes comme ici la...

le 28 sept. 2015

12 j'aime

Mandarines
Cinephile-doux
9

Humanisme sans angélisme

Abkhazie 1992. Deux producteurs estoniens de mandarines viennent au secours de deux combattants blessés, chacun d'un camp différent. Sur le thème de "Quelle connerie, la guerre", une très belle...

le 10 déc. 2016

2 j'aime

Du même critique

Manhattan
batman1985
5

Je n'accroche décidément pas...

Je vais certainement me faire encore des détracteurs quand j'attaque du Woody Allen et notamment un des film important du cinéaste. Je vais pourtant tenter, une fois encore, d'expliquer ce qui ne me...

le 8 juil. 2012

48 j'aime

1

La dolce vita
batman1985
5

Critique de La dolce vita par batman1985

Ah cette Dolce Vita, dur dur de passer à côté quand on se dit cinéphile. D'autant que la réputation de ce film est grande. Récompensé par une palme d'or à Cannes, l'oeuvre de Fellini est un...

le 6 mai 2011

43 j'aime

3

Le Grand Rasage
batman1985
9

Critique de Le Grand Rasage par batman1985

Voilà probablement l'un des plus grands court-métrage de tous les temps! Une oeuvre formidable de quelques minutes qui dénonce, sans jamais qu'on ne la voit, la guerre du Vietnam. Pas une seule...

le 6 mai 2011

40 j'aime

4