Alors que le risque de s’attaquer au mythe Mandela était de pondre une hagiographie et de faire impasse sur les doutes qu’a pu rencontrer le libérateur du peuple noir sud-africain par rapport à sa cause, William Nicholson (scénariste de Gladiator) a su adapter l’autobiographie de Madiba avec une justesse pleine d’humanité et de conviction. Si l’on peut reprocher que les racines royales et les premiers engagements politiques antérieurs à son ralliement à l’ANC soit passés sous silence, tout le reste du parcours de Nelson Mandela est assez bien dessiné, de ses premières conquêtes amoureuses à son accession au pouvoir. Une leçon d’histoire, mais aussi de philosophie, qui est bien loin de posséder le souffle épique que pouvait avoir le Gandhi de Richard Attenborough, et ce parce que la durée de 2h15 est bien trop courte pour revenir sur 70 ans d’une vie aussi bien remplie et que la mise en scène de Justin Chadwick n’arrive pas à se démarquer de l’académisme le plus plat des biopics classiques. Cependant les prestations d’Idris Elba et de Naomie Harris sont si éclatantes de sincérité que cette adaptation de l'ultime témoignage de ce dernier grand héros du 20ème siècle réussit à rendre un magnifique hommage à sa lutte et, à travers lui, à celle de tout un peuple injustement opprimé.