Ça faisait 17 piges que j’attendais ce film.


J’avais 18 ans, et j’ai bousillé un été, perdu dans mes pensées après avoir littéralement dévoré le bouquin, à en faire des cauchemars, à fixer mon plafond de nombreuses heures à me projeter dans ce monde totalitaire, à me demander POURQUOI ces jeunes de mon âge (à l’époque) allaient volontairement à l’abattoir…


Francis Lawrence a réalisé l’un de mes vœux, et j’en sors subjectivement ravi.

Franchement, parmi les écrits du maître King, quel serait le plus compliqué à adapter ? Les plus équivoques, les plus adaptables ayant trouvé moult réalisateurs, qui aurait pu s’intéresser à son œuvre la plus intimiste, la plus redondante et la plus axée psychologie que Marche ou Crève ?


Je tiens avant tout à saluer les performances magistrales de Cooper Hoffman, et plus particulièrement David Jonsson, qui par son simple regard, est bouleversant. La fraternité entre les deux acteurs transpire littéralement à l’écran.


On ne s’ennuie pas une seconde dans cette adaptation qui aurait forcément dû être ennuyeuse à souhait, mais Lawrence s’en sort avec brio. Non seulement il développe ses personnages en nous faisant miroiter un certain manichéisme qu’il prend un malin plaisir à détruire, prend des libertés avec l’œuvre originale et surprend avec une photographie magnifique. La désolation de cette Amérique totalitaire est telle que le regard ne peut que savourer le vide des paysages… et les trouver beaux.


Parce que Marche ou Crève, finalement, c’est quoi ?


C’est une œuvre intimiste, qui dérange et fascine à la fois. Une histoire qui va au plus profond des motivations de personnages lambdas, hétéroclites et pourtant soudés. Chacun y retrouvera celui vers lequel s’identifier. Es-tu du genre Garraty à marcher sans forcément savoir pourquoi ? Es-tu McVries, confiant et désireux d’améliorer le monde ? Es-tu Barkovitch, à affronter tes démons intérieurs ? Tu as le choix.


Plutôt puriste en termes d’adaptations cinématographiques, je suis, pour le coup, TRÈS HEUREUX que Lawrence ait apporté sa vision 2025 d’une œuvre difficilement adaptable, et dont j’ai attendu les images pendant près de vingt ans.


Alors c’est sûr, beaucoup se plaignent de la superficialité du film, de sa fin grotesque, de ses personnages survolés… Et je suis d’accord sans l’être, mais… compte-tenu du fait que l’intrigue de base consiste en 50 gars (100 dans la nouvelle) qui marchent et se prennent une balle au bout de 3 avertissements, on ne peut qu’applaudir Lawrence d’avoir su mettre en image ce scénario tenant sur un post-it, et surtout, d’avoir rendu le tout captivant.


Alors c’est certain, j’aurais aimé voir les foules en délire, Gribble s’éclater la prostate en allant saluer une fan, les participants perdre peu à peu la raison, en savoir toujours moins au fil des pas et des morts… Mais j’ai marché pendant 17 ans à attendre ce film, et le Commandant Lawrence a accompli mon vœu.


Je conclurai cette critique en invitant toute personne ayant aimé le film à aller vite (TRÈS VITE) lire la nouvelle. Et toute personne à ne pas encore avoir vu le film à aller vite (TRÈS VITE) lire la nouvelle. Les deux se complètent magnifiquement, et il faut se souvenir que deux médiums et 45 ans séparent les oeuvres.

Le-Dank
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le 2 nov. 2025

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le 2 nov. 2025

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