Rares sont les films qui me procurent des troubles — dans le bon sens du terme. Marco, l’énigme d’une vie en fait partie. Environ un tiers du film passé, lorsque j’ai compris l’ampleur de l’imposture du protagoniste, mon empathie à son égard s’est progressivement effritée. L’identification cède la place à une forme de distance froide, presque troublante. Et c’est probablement le pari du film — un pari risqué : nous faire tourner le dos au personnage principal en pleine histoire, tout en nous obligeant à rester à ses côtés.
Car on continue malgré tout à suivre le récit à travers son regard. À partir de là, une autre question surgit : comment tout cela va-t-il se terminer ? Le protagoniste tente de se justifier par tous les moyens, parfois maladroitement, souvent désespérément. Et c’est là, paradoxalement, que commence ce qui me semble être la véritable histoire du film : non pas celle d’un mensonge, mais celle d’un homme incapable de faire autre chose que de tenter de se faire croire, encore et encore, qu’il avait raison.
Mais il n’y a pas de rebondissement. Aucun retournement spectaculaire. Juste ce vieil homme qui s’enfonce dans ses justifications, dans une forme de vide tragique. Et cela devient frustrant. Non pas parce que c’est mal raconté, mais parce que, privé d’une structure dramatique classique et d’un personnage auquel se raccrocher, je me suis trouvé peu à peu détaché, à la fois du héros et de l’histoire. Un malaise qui n’évolue plus, un récit qui piétine — sans doute par fidélité aux faits réels, mais au détriment de la tension dramatique.
Heureusement, le comédien principal porte le film à bout de bras. Il est d’une justesse remarquable, tout en finesse, sans jamais forcer l’émotion. C’est lui qui donne une forme de dignité à ce naufrage intime filmé sans fard.