« Margin call » est apparu dans les salles françaises le deux mai dernier. Ce film américain d’une durée inférieure à deux heures est réalisé par J.C. Chandor. Je ne connaissais pas ce dernier jusqu’alors. Il est à signaler que ce film s’est vu attribué l’Oscar du meilleur scénario original cette année. L’attrait de cet opus résidait en grande partie sur son thème. Il allait nous être conté la nuit qui précède la fameuse crise dont on nous parle quotidiennement. On allait se trouver dans les rouages qui ont provoqué ce cataclysme économique. Voilà de quoi attiser notre curiosité. L’affiche mettait un autre de ses arguments en nous présentant son casting. On reconnait Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons, Zachary Quinto, Penn Badgley, Simon Baker, Mary McDonnel, Demi Moore et Stanley Tucci. Tout un programme…

Le site Allocine (www.allocine.fr) nous présente le résumé suivant : « Pour survivre à Wall Street, sois le premier, le meilleur ou triche. La dernière nuit d’une équipe de traders, avant le crash. Pour sauver leur peau, un seul moyen : ruiner les autres… ». C’est clair et concis. Il n’en faut pas davantage pour décrire la trame qui va nous habiter pendant le film. Mais tout n’est pas si simple et ne laisse pas indemne…

« Margin call » n’est pas un film qui a été tourné en 3D. Cela se justifie pleinement car le thème et le scénario ne prêtent pas à des scènes d’actions endiablées comme nous en offrirait une production Marvel. Il s’agit d’un film construit autour d’échanges et de discussions entre des personnes aux rapports hiérarchiques systématiques. L’unité de lieu de la narration est quasiment absolue. De plus, on connait l’issue du film. La crise naitra le lendemain de cette nuit. Il n’y a donc pas de dénouement à l’eau de rose à attendre. On peut donc s’attendre à une atmosphère pesante et appréhender un côté parfois magistral dans les explications.

Je vous rassure tout de suite, on n’a pas le sentiment d’assister à notre premier cours de Master d’économie. Je trouve que les informations qu’on perçoit au gré des différentes réunions ou discussions sont aisément compréhensibles. Je ne vous dis que je pourrais faire un cours sur la notion en sortant de la salle mais je n’ai pas eu de mal à assimiler le gros de l’histoire que ce soit au niveau des faits, de leurs causes et de leurs conséquences. C’est une performance car, de mon point de vue, il n’est jamais simple de construire un film sur un scénario traitant d’un aspect aussi pointu. C’est ici fait avec subtilité et brio. On ne tombe jamais dans des monologues trop magistraux qui auraient pu à la fois nous perdre et nous lasser.

La richesse du film ne réside pas uniquement dans la découverte du mécanisme financier qui a mené vers la crise. Un des attraits concerne également les interactions humaines qui nourrissent l’histoire. On démarre en découvrant deux jeunes traders qui tombent sur l’anomalie qui amorcera la chute du château de cartes. Ils rentrent alors en contact avec leur supérieur pour l’en informer. S’ensuite une réaction en chaine qui fait que chaque nouvelle personne va chercher à contacter son supérieur. Le statut de chacun est donc tout relatif suivant qu’il s’adresse au bas ou au haut de l’échelle. Le fait que toute cette hiérarchie se trouve réunie pour passer la nuit enfermée dans cet immeuble fait naitre de notre point de vue une véritable immersion dans le film. On quitte le statut de spectateur pour se mettre aux côtés de chacun des protagonistes. On se donne le droit de juger chacun d’entre eux. On n’a pas la même compassion ou la même empathie pour chacun d’entre eux. Certains nous irritent. D’autres sont plus ambigus, plus complexes. Cet aspect fait qu’on ne s’ennuie pas une seconde et qu’on se laisse envahir par l’atmosphère oppressante qui nait dans ce bulding.

La qualité des acteurs permet de donner l’ampleur que ce film possède. Du fait de la construction et de la nature du scénario, il est indispensable que le casting soit de haut niveau. C’est ici le cas. Cela fait que « Margin call » est un film que j’ai pris énormément de plaisir à découvrir. Je ne me suis pas ennuyé une seconde. Dès les premières minutes, je me suis lancé prendre. La réalisation est, à mes yeux, remarquable et participe activement à l’ambiance qui habite notre séance. A l’heure actuelle, il a disparu les salles obscures. Je vous conseille de guetter un prochain passage à la télévision. Je vous garantis une soirée prenante...
Eric17
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le 25 juil. 2012

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Eric17

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